PROCÈS DES ATTENTATS DE BRUXELLES : "VOUS SEREZ PUNIS POUR ÇA, ICI ET DANS L’AU-DELA"

"Messieurs les accusés, vous avez lâchement assassiné une sœur et vous serez punis pour ça, ici et dans l’au-delà, au nom d’Allah", a lancé mercredi aux accusés Me Hamid El Abouti, l’avocat de la famille de Loubna Lafquiri, tuée dans le métro le 22 mars 2016.

Le conseil de deux autres victimes, Me Bernard Ayaya, a, lui, invité les accusés à saisir la fleur qui leur a été tendue par certaines des victimes venues témoigner devant la cour d’assises chargée de juger ces attaques.

Pour l’avocat de la famille Lafquiri, qui a dit espérer que ses paroles resteraient gravées dans la tête des accusés jusqu’au dernier jour de leur "misérable vie", Loubna était une "bonne musulmane". Elle menait le djihad à sa façon, en aidant les gens dans son entourage, a-t-il expliqué.

Lors de sa plaidoirie, Me El Abouti a rappelé aux jurés le parcours de sa cliente. Le matin du 22 mars, elle a déposé ses enfants à la crèche et à l’école, avant de monter dans le métro. Trois minutes avant l’explosion à la station Maelbeek, elle a envoyé un message à sa sœur, qui devait prendre l’avion depuis le Maroc, pour lui demander d’être prudente car un attentat venait d’avoir eu lieu à l’aéroport. "Jusqu’au dernier moment, elle a pris soin de ses proches", a souligné l’avocat.

La victime se trouvait à quelques mètres du kamikaze Khalid El Bakraoui et n’avait aucune chance de survivre. "Elle n’a pu être identifiée que par son ADN et des objets personnels. Sa mère a déclaré qu’ils avaient espéré la retrouver même si elle était complètement brûlée. Imaginez la souffrance de ses proches de savoir que personne ne repose dans sa tombe".

Loubna Lafquiri était professeur d’éducation physique dans une école primaire de Schaerbeek. "Elle voulait élargir le monde et les horizons des enfants et des femmes par le biais du sport", a situé Me El Abouti. Selon sa sœur, Loubna était très touchée par la vie de certaines femmes musulmanes qui sortaient à peine de chez elles et n’interagissaient qu’avec d’autres femmes. Elle a donc fondé une ASBL pour les réunir. "Elle représentait ce que les terroristes détestent : une femme musulmane moderne engagée dans l’intérêt des enfants et des mères", a pointé l’avocat.

Me Bernard Ayaya, qui défend deux familles victimes des attentats, s’est également montré très sévère à l’égard des accusés, fustigeant leur "ingratitude" envers la Belgique. La plupart d’entre eux sont nés et ont grandi dans ce pays et y ont été façonnés, a-t-il relevé. "On aurait encore pu comprendre que des Syriens viennent mettre des bombes sur le territoire belge car la Belgique faisait partie de la coalition", a-t-il poursuivi. "Mais ce sont les fils de ce pays qui attaquent leurs frères et sœurs, leurs amis et familles, et connaissances ?"

L’avocat s’est ensuite plus particulièrement adressé aux accusés Hervé Bayingana Muhirwa et Osama Krayem (absent de la salle d’audience, comme tous les jours depuis presque le début du procès), qui ont tous deux connu la violence et l’injustice, l’un lors du génocide au Rwanda, l’autre dont les parents seraient originaires de Palestine. Ils pouvaient choisir de combattre la violence ou de la reproduire et tous deux ont choisi la seconde option, voulant faire subir cette violence aux autres, a résumé Me Ayaya. "Ils ont décidé d’appliquer la loi du talion (œil pour œil, dent pour dent, NDR) aux innocents."

Dans un message d’espoir, l’avocat a, enfin, invité les accusés à saisir la fleur qui leur avait été tendue par plusieurs victimes venues témoigner devant la cour au mois d’avril, dont l’ancien basketteur professionnel Sebastien Belin. "J’espère que le fait de vous tendre la main vous éloignera de la haine, du sadisme qui vous anime", a-t-il conclu.

Article écrit par la rédaction de LA LIBRE avec BELGA publié sur : https://www.lalibre.be/belgique/judiciaire/2023/06/14/proces-des-attentats-de-bruxelles-vous-serez-punis-pour-ca-ici-et-dans-lau-dela-AD3PWKNQIBDTFAKZDGBOY2VPPI/

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