PROCES EN APPEL DE L’ATTENTAT DEJOUE DU THALYS : « J’ETAIS PRET A TOUT », ADMET L’ACCUSE

Lors de son procès en appel, Ayoub El Khazzani, tireur de l’attentat déjoué du Thalys en 2015, a expliqué qu’il était « prêt à tout » pour se venger des bombardements en Syrie.

Ayoub El Khazzani, tireur mandaté par l’organisation État islamique (EI) pour commettre un attentat contre un train Thalys en août 2015, a reconnu lundi 5 décembre qu’il était « prêt à tout » pour « se venger » des forces de la coalition en Syrie, avant d’exprimer ses « regrets » pour son projet meurtrier.

« J’étais prêt à tout pour me venger » des forces de la coalition qui bombardaient les positions de l’EI en Syrie, a affirmé le djihadiste au premier jour de son interrogatoire devant la cour d’assises spéciale de Paris, où il est jugé en appel.

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En première instance, Ayoub El Khazzani a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.

« Pourquoi pleurez-vous ? »

Debout dans son box, le Marocain, âgé de 33 ans, écrase quelques larmes. « Pourquoi pleurez-vous ? », l’interroge le président David Hill. « Je pense encore à une mosquée » bombardée par des forces de la coalition en Syrie, répond l’accusé qui s’exprime en arabe.

« J’étais parti en Syrie pour aider le peuple syrien » mais après avoir vu les ravages de la guerre et notamment cette mosquée bombardée, « j’étais prêt à mourir » pour la cause de l’EI, poursuit l’accusé.

« J’ai dit à Abdelhamid Abaaoud (son commanditaire et futur coordinateur des attentats du 13-Novembre, ndlr) que j’étais prêt à mourir et qu’il pouvait me considérer comme un objet et faire de moi ce qu’il voulait », affirme encore celui qui se définissait, après sa tentative d’attentat, comme « un noble combattant ».

Après un séjour « d’environ une semaine » en Syrie en mai 2015, où il apprend à manier des armes sous les ordres d’Abaaoud, il revient en Europe en sa compagnie en suivant la « route des Balkans » en août 2015.

Le 21 août 2015, il monte à Bruxelles dans le Thalys Amsterdam-Paris armé d’une kalachnikov, d’un pistolet semi-automatique, d’un cutter et de près de 300 munitions.

Il n’a été empêché de commettre un massacre que par la courageuse intervention de plusieurs passagers, dont trois soldats américains en civil alors en vacances en Europe.

« J’accepterai ma condamnation »

Lors du procès en première instance, Ayoub El Khazzani avait soutenu avoir reçu pour seule mission de tuer des soldats américains et des membres de la Commission européenne présents à bord du train. Au cours de son procès en appel, il est revenu sur ces déclarations, expliquant que ses « seules cibles » étaient des fonctionnaires de la Commission européenne.

« Comment pouviez-vous les reconnaître ? », demande le président. L’accusé n’a pas de réponse. « Abaaoud m’avait dit que les passagers du wagon étaient tous de la Commission européenne », explique-t-il après un temps de réflexion. « Mais enfin, s’énerve un avocat, vous ne saviez même pas dans quelle voiture vous vous trouviez ? »

« Je ne voulais pas tuer des civils », tente de se justifier l’accusé qui s’en tient à son explication. « Je croyais que les membres de la Commission européenne donnaient les ordres aux forces de la coalition pour les bombardements en Syrie », dit-il. « J’étais niais », insiste-t-il avant d’exprimer, en français, ses « regrets ».

« Chaque heure, chaque minute je regrette (mon projet d’attentat) et je suis heureux qu’il n’y a(it) pas eu de morts », affirme encore Ayoub El Khazzani. « J’ai confiance dans les juges et j’accepterai ma condamnation », ajoute-t-il de nouveau en français.

Le but d’Ayoub El Khazzani était de tuer « aveuglément et indifféremment » les quelque 200 passagers du train, soutient l’accusation.

L’interrogatoire d’Ayoub El Khazzani doit se poursuivre mardi, avant les réquisitions du parquet prévues mercredi. La décision est attendue jeudi.

Crédit photos : © BENOIT PEYRUCQ / ARCHIVES AFP, article par la rédaction de OUEST FRANCE publié sur le site ouest-france.fr

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