Publié hier lundi par le bureau d’enquêtes, le rapport d’enquête sur l’accident de Puisseguin, qui avait fait 43 victimes, formule des recommandations visant à durcir les normes des autocars, afin d’améliorer la sécurité des passagers en cas d’incendie .
Publié lundi, le rapport d’enquête du bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) sur le drame de Puisseguin arrive donc aux mêmes conclusions que la gendarmerie de Bordeaux : c’est bel est bien l’embrasement d’un réservoir auxiliaire non réglementaire du camion, qui a provoqué l’incendie le 23 octobre 2015.
Pour autant, l’installation de ce réservoir non homologué n’est pas seule en cause puisqu’au cours de l’enquête, la question de la propagation très rapide du feu a également été posée : en effet, un incendie s’était déclaré immédiatement après la collision et l’autocar avait été envahi quasiment aussitôt par une fumée noire et toxique. Et selon les enquêteurs, la présence du réservoir additionnel n’est pas le seul facteur explicatif du déroulé de l’accident. La « nature des matériaux utilisés pour l’aménagement intérieur de l’autocar, leur tenue au feu et la toxicité des gaz dégagés par leur combustion » ainsi que « la difficulté pour les passagers d’actionner les dispositifs de désenfumage équipant l’autocar » font aussi partie des causes présumées du drame.
Des normes moins exigeantes pour les autocars
Si l’on en croit le rapport, la réglementation en termes de normes antifeu est de fait moins exigeante pour les autocars que pour d’autres moyens de transport comme le bateau ou l’avion. C’est pourquoi le bureau d’enquête axe 4 des 5 recommandations qui concluent le rapport sur l’amélioration de la sécurité en autocar, la première de ces quatre mesures portant sur l’introduction de nouvelles exigences en termes de tenue des matériaux et de toxicité en cas de combustion. Toujours pour les cas d’incendie, la deuxième recommandation préconise le « renforcement des mécanismes d’ouverture des dispositifs de désenfumage », et les deux autres préconisations sont plus générales, le BEA-TT indiquant que les bus devraient disposer d’un mécanisme d’ouverture situé à l’arrière du véhicule et d’un système d’éclairage de secours pour faciliter l’évacuation des passagers.
Au-delà de ces recommandations formelles, le BEA-TT invite aussi les « chambres syndicales de transporteurs routiers à sensibiliser leurs adhérents sur la nécessité de faire installer sur leurs véhicules des réservoirs dans le respect des règles techniques d’homologation ». D’autre part, la fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) est invitée à compléter sa plaquette de sensibilisation à la sécurité destinée aux passagers, pour mieux informer sur l’attitude à adopter en cas d’évacuation d’urgence.
Les autocaristes défendent un moyen de transport « très sûr »
Contacté par le Figaro, Michel Seyt, le président de la FNTV, confirme que la plaquette en question « qui est une initiative de la fédération, sera complétée par une référence spécifique aux cas d’incendie ». Interrogé sur les recommandations du BEA-TT, il affirme la volonté des constructeurs et des transporteurs de « rassurer les passagers et de connaître les pistes d’amélioration de la sécurité », reconnaissant qu’« il est temps de revoir les normes ». Toutefois, il tient à rappeler que les autocars sont d’ores et déjà un moyen de transport très sûr : selon une étude réalisée par l’observatoire de la sécurité routière, le taux d’accident corporel en autocar était seulement de 0.18% en 2014, contre 44% en voiture.
Même son de cloche chez le Directeur général de Flixbus, Yves Lefranc-Morin, qui rappelle que même si « le risque zéro n’existe pas », l’autocar reste « l’un des moyens de transport les plus sûrs, loin devant la voiture », ce qui constitue la preuve pour lui que « les normes existantes sont déjà contraignantes et efficaces » même si, « bien sûr, il faut toujours réfléchir à des améliorations pour la sécurité des passagers ». Le directeur général rappelle aussi que Flixbus met « toutes les chances de son côté » et qu’en ce qui concerne les « cars Macron » les équipements de sécurité sont « bien au-delà de ceux mis en place par la loi », citant en exemple des dispositifs tels que l’éthylotest antidémarrage, ou l’alerte de franchissement involontaire de ligne.
Date : 08/08/2017
Source : le Figaro
Auteur : Julie Ruiz