PYRENEES-ORIENTALES - DRAME DE MILLAS : LE JUGEMENT RENDU CE VENDREDI A MARSEILLE

Sept semaines après la fin du procès du terrible drame de Millas, qui s’est tenu à Marseille entre septembre et octobre derniers, le tribunal correctionnel des Bouches-du-Rhône rendra sa décision ce vendredi 18 novembre. La conductrice du bus scolaire, Nadine Oliveira, encourt une peine maximale de cinq ans de prison ferme.

Hospitalisée depuis qu’elle s’est écroulée à la barre en pleine audience, le 22 septembre dernier, Nadine Oliveira n’assistera vraisemblablement pas au prononcé de son jugement. Ce vendredi 18 novembre, le tribunal correctionnel de Marseille, réuni dans la salle des procès hors-norme à la caserne du Muy, doit rendre son délibéré à 14 heures. L’issue de trois semaines de débats consacrés à déterminer les causes précises de la terrible collision survenue le 14 décembre 2017 au passage à niveau 25 de Millas entre un bus scolaire et un train express régional.

L’épouvantable drame avait fauché la vie de six jeunes élèves et meurtri à jamais celle de dix-sept autres de leurs camarades du collège Christian-Bourquin. Seule mise en examen depuis l’accident, la conductrice du car Nadine Oliveira, 53 ans, a comparu pour "homicides et blessures involontaires par imprudence, négligence ou inattention". Des faits qu’elle nie depuis les premières heures de l’enquête et qu’elle a continué de réfuter durant les quatre premiers jours de sa présence à l’audience, affirmant que les barrières étaient levées. Une version appuyée par ses avocats, Mes Jean Codognès et Louis Fagniez qui, après avoir produit de nombreuses contre-expertises techniques, ont d’ailleurs plaidé la relaxe de la prévenue. Une Nadine Oliveira qui n’aura pas eu un mot d’excuse face aux témoignages poignants des familles des victimes et des adolescents lourdement blessés qui ont défilé à la barre pour exprimer leur sentiment de culpabilité d’être vivants. Raconter le souvenir de cet effroyable choc qui résonne toujours dans leur mémoire, confier leur vie d’avant et leur vie d’après.

"Michel Sastre, procureur : Les barrières étaient baissées et Nadine Oliveira ne les a pas vues"

Sur le banc de ces parties civiles, près de cent trente parents et enfants, mais aussi des frères et des sœurs, des grands-parents, des tantes et des oncles assistés par une quinzaine d’avocats de Perpignan, Paris, Bordeaux, Aix et Marseille. Tous, dans une plaidoirie empreinte d’une profonde émotion, ont porté le deuil et la douleur éternelle de leurs clients, se rangeant derrière la conviction d’un accident par "une faute d’inattention liée à la routine" invoquée par le procureur de la République, Michel Sastre.

Sans l’accabler, le ministère public s’était montré catégorique. Pour lui, "il n’y a eu aucun dysfonctionnement du passage à niveau, ni aucune difficulté sur les installations routières. Les barrières étaient baissées et Nadine Oliveira ne les a pas vues". À ce titre, le procureur requiert une peine de cinq ans d’emprisonnement dont quatre assortis d’un sursis probatoire avec obligation de soins et d’indemniser les victimes. Outre l’annulation de ses permis de conduire de tourisme et de transport, il a demandé l’interdiction de les repasser et de conduire tout véhicule terrestre à moteur pendant cinq ans, ainsi que l’interdiction définitive d’avoir une activité professionnelle et sociale en lien avec le transport routier mais également avec les enfants. Le tribunal a pris sept semaines de réflexion et répondra ce vendredi.

Le jugement retransmis en direct à Perpignan

Ce vendredi 18 novembre, le jugement du procès de Nadine Oliveira sera lu et expliqué par la présidente du tribunal correctionnel de Marseille, Céline Ballerini à 14 heures.

Simultanément, l’audience sera retransmise dans la salle de la cour d’assises du palais de justice situé place Arago à Perpignan, accessible dès 13 h 30. Le procès, lui, avait été diffusé en direct dans une salle du palais des congrès de la ville. A Marseille comme à Perpignan, le prononcé du délibéré sera ouvert au public.

Pourquoi le tribunal n’a-t-il pas rendu sa décision immédiatement après la clôture des débats ? Dans ce genre de dossiers concernant les accidents collectifs, au vu du nombre de victimes, et compte tenu de la multitude d’expertises, les magistrats doivent prendre le temps d’examiner chaque pièce et de se prononcer sur chacune des demandes des parties civiles. D’où le délai des sept semaines.

Crédit photos : Article de Laure Moysset et Corine Sabouraud ppur lindependant.fr 17/11/22

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