Michel Mary a perdu sa fille Fanny le 14 novembre 2015, dans le déraillement d’une rame TGV d’essai.}
JUSTICE - Plus d’un an a passé, et toujours pas de réponse. Le 14 novembre 2015, Michel Mary a perdu Fanny, sa fille de 25 ans, dans le déraillement d’une rame TGV d’essai à Eckwersheim, en Alsace. Au lendemain des attentats du Bataclan, ces 11 morts et 42 blessés, pire accident de l’histoire du TGV, font relativement peu de bruit.
Depuis l’enquête a suivi son cours, pointant défaillances matérielles et erreurs humaines. Le 23 mai, le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a fini par rejeter la faute sur les conducteurs de la rame.
Ce texte de 130 pages a conclu à "une stratégie de freinage inadaptée", ainsi qu’une "incompréhension" au sein de l’équipage. Ce qui expliquerait que le train d’essai circulait à 265 km/h à l’entrée de la courbe, au lieu des 176 km/h requis.
"Pour les familles, les blessures sont encore ouvertes. Il y a un besoin de savoir ce qui s’est très exactement passé", a déclaré Me Chemla, avocat de familles de victimes, selon France Bleu. Ce vendredi 7 juillet, le message publié sur Facebook par Michel Mary, alias Sun Dance, ne dit pas autre chose, excédé par l’attitude de la SNCF.
"Voilà bientôt un an et demi que ma fille est morte. Morte, décapitée, démembrée. Sa tête de jeune fille roulant sur la voie ferrée. Sa tête retrouvée par hasard sous les pieds d’un enquêteur. Et j’ai en face de moi une bande d’irresponsables. Du plus haut de la hiérarchie jusqu’en bas. Les irresponsables se sont donnés rendez-vous dans une entreprise, ses filiales, ses experts. Dissoudre en filiale, pour être encore moins responsable. Tactique du délayage. Tout ce petit monde se renvoie la tête de ma fille, telle une patate chaude. On se paye de sa tête, de la mienne, celle de sa mère et de ses frères. On veut me donner de l’argent. Cela à un prix une fille ? On ne m’achète pas !"
"Cela ronronne depuis l’accident", dénonce Michel Mary, en même temps que des propositions d’indemnisation de la SNCF, ce qui n’est pas surprenant en pareille circonstance. Il dénonce notamment la thèse qui privilégie l’erreur humaine, au détriment de la responsabilité de l’entreprise : "Une fois de plus, les lampistes vont payer, mais les chefs resteront."
"Homicide involontaire qu’ils disent. Alors que tout concorde, avec une traçabilité, des preuves formelles pour qu’il y a un accident inévitable. D’ailleurs, quelques jours avant ce jour fatal, il y a eu un risque de déraillement. Pour des personnes responsables, cela devrait les amener à une réflexion, un débriefing. Bah non, on y va les gars ! On pousse plus loin !"
Pour le moment, nous n’avons pas réussi à joindre Michel Mary, actuellement au Timor oriental, pour obtenir plus de détails. Quant à la SNCF, elle a préféré botter en touche. "La SNCF est en relation avec toutes les familles des victimes de l’accident d’Eckwersheim. Différentes procédures sont en cours et nous ne souhaitons pas commenter les propos de M. Mary", a déclaré au HuffPost un porte-parole.
Date : 07/07/2017
Auteur : Jean-Baptiste Duval
Source : Huffpost