De nombreuses interrogations après l’accident du rallye du Var

Les enquêteurs tentaient de comprendre dimanche comment une voiture engagée dans le 14e Rallye régional des Maures (Var) a pu samedi manquer de tourner et foncer dans la foule, faisant deux morts et 19 blessés, dont plusieurs graves.

« On essaie de comprendre : est-ce une défaillance mécanique, une défaillance du pilote, ou du copilote ? », a expliqué dimanche la procureure de la République de Draguignan Danielle Drouy-Ayral, estimant que l’enquête serait longue. « C’est un dossier de fond et de longue haleine qui nous attend, avec énormément d’investigations », a-t-elle prévenu.

Le drame s’est produit samedi vers 16h30, quand des spectateurs ont été fauchés aux abords du village de Plan-de-la-Tour par la voiture n°63, une Golf orange, au premier jour du rallye. Au lieu de tourner à droite, le véhicule, neuf et piloté par un binôme expérimenté, est allé pratiquement tout droit, heurtant la foule derrière les rubans de sécurité. Certains spectateurs ont été projetés à plusieurs mètres dans un champ de vignes.

Le copilote blessé

Un homme de 20 ans et un commissaire de course de 50 ans ont été tués. Dix-neuf personnes ont été blessées, la plus jeune étant un garçon de neuf ans, la plus âgée ayant 65 ans. Parmi elles, cinq se trouvaient en « urgence absolue » après l’accident, avec un pronostic vital engagé, notamment deux mineurs de 12 et 17 ans.

Les victimes ont été transférées dans des hôpitaux de la région. A Marseille, un enfant admis en chirurgie à l’Hôpital-Nord, et dont le pronostic vital n’est pas engagé, devrait être rapatrié lundi chez lui à Nice, a indiqué l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille.

Parmi les blessés figure le copilote, qui n’avait pas été immédiatement comptabilisé dans le bilan, d’abord fixé à 18 blessés avant de passer ainsi à 19. Atteint au thorax, il a été hospitalisé. Mais il devrait être à terme placé en garde à vue afin d’être interrogé, a indiqué la procureure dimanche lors d’un point presse.

Le conducteur lui a été de suite placé en garde à vue, mais cette mesure a été levée à l’hôpital, les médecins la jugeant incompatible avec l’état de choc dans lequel il se trouve. Des prélèvements ont été réalisés pour bilan de toxicologie et d’alcoolémie, dont les résultats n’étaient pas connus dans l’immédiat.

Des pilotes d’expérience

Les deux hommes, nés en 1968, « sont des pilotes d’expérience, qui pratiquent depuis une quinzaine d’années ce genre de sport », et ils avaient en mains un véhicule neuf, a indiqué Mme Drouy-Ayral.

Parmi les pistes envisagées, figure une possible erreur humaine, par exemple erreur de lecture du road-book par le copilote. L’organisation du rallye sera également passée au crible : dossier, placement des panneaux et balises, organisation des repérages...

Une autre piste est celle de « la défaillance technique », a encore énuméré la procureure. « Nous allons saisir des experts incontestables pour des analyses poussées, notamment sur les métaux, pour savoir s’il y a eu des ruptures (avant le choc), ou si l’état de la voiture fait suite au choc », a-t-elle dit.

Plusieurs accidents récents

La voiture, dont l’avant a été défoncé, sera soumise lundi à examen. L’enquête, confiée à la brigade de recherches de Saint-Tropez et aux gendarmes de Sainte-Maxime, compte aussi s’appuyer sur les videos et photos des spectateurs.

Le préfet Paul Mourier devait tenir un point presse dimanche à 16h en préfecture de Toulon. La ministre des Sports Valérie Fourneyron a estimé samedi que cet accident pose « la question grave de la sécurisation du public lors des manifestations automobiles ». « Avec le ministre de l’Intérieur, nous allons nous attacher au plus vite à rencontrer les acteurs concernés », a-t-elle annoncé.

Plusieurs rallyes automobiles ont donné lieu à des accidents mortels récemment. Le 28 avril, un spectateur de 65 ans, qui se trouvait dans une zone interdite au public, avait été fauché à Pompidou, au 43e rallye national de Lozère.

AFP - 20 mai 2012

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