AZF : la défense évoque un lien entre l’explosion, des islamistes locaux et le frère de Merah

La défense de Grande Paroisse (groupe Total) dans le procès de l’usine AZF a adressé deux "notes en délibéré" à la cour d’appel de Toulouse en vue du jugement le 24 septembre, dont l’une relie un groupe islamiste à l’explosion de 2001 et au frère du tueur de mars 2012 Mohamed Merah, a-t-on appris mercredi 4 juillet auprès de son avocat.
Me Daniel Soulez-Larivière a précisé que ces notes "déposées lundi et remises à toutes les parties" visaient à "donner pendant la période de délibéré des informations à la cour, dont elle appréciera librement la valeur". L’audience d’appel pour homicides involontaires contre le directeur de l’usine Serge Biechlin et son propriétaire Grande Paroisse a duré quatre mois et demi pour s’achever le 15 mars. Le jugement sera rendu le 24 septembre.

"PISTE INTENTIONNELLE"

La défense a plusieurs fois regretté pendant les débats que les enquêteurs aient "négligé la piste intentionnelle". Me Simon Foreman, a notamment fait remarquer que dès 2000-2001, la communauté d’Artigat (Ariège) était "un foyer islamiste radical structuré" et déplorait qu’il n’y ait eu "aucune vérification" sur une possible relation de cette communauté avec deux salariés maghrébins d’AZF.

La communauté devait être en 2007 au centre d’une enquête sur une filière de candidats djihadistes vers l’Irak, débouchant sur un procès et huit condamnations. L’enquête sur les tueries de Mohamed Merah entre le 11 et le 19 mars 2012 a rapidement révélé que le nom de son frère aîné, Abdelkader, était apparu plusieurs fois dans cette procédure, mais celui-ci avait alors bénéficié d’un non-lieu.

Depuis la mort de Mohamed Merah le 22 mars en résistant aux policiers du RAID, Abdelkader est seul en examen et incarcéré pour complicité d’assassinats. Le procès AZF s’est terminé le jour où Mohamed Merah tuait deux militaires à Montauban et en blessait grièvement un troisième. "Nous ne pouvions alors savoir où cela menait. Nous avons beaucoup travaillé depuis, cela nous traumatisait, l’affaire Merah n’a pas poussé comme un champignon", a indiqué Me Soulez Larivière pour expliquer sa note adressée à la cour d’appel.

Le quotidien La Dépêche du Midi, qui révèle mercredi l’existence de ces notes, rapporte la vive réaction de l’avocat d’une des parties civiles "l’association des sinistrés du 21 septembre", Me Thierry Carrère. "Il serait temps que Total et sa défense respectent la douleur et la souffrance des Toulousains au lieu de l’instrumentaliser", a-t-il déclaré.

NITROCELLULOSE DANS LE SOL

La seconde note en délibéré concerne une autre piste, non intentionnelle celle-là, mais qui disculpe aussi l’industriel, poursuivi pour des négligences ayant favorisé un mélange malencontreux de produits incompatibles. Elle relève qu’en décembre 2011 la société Saica Park a subi une explosion, déjà évoquée lors des plaidoiries de la défense, à 1 200 mètres environ du site de l’ancienne AZF qui serait lié à de la nitrocellulose, un explosif dont des quantités très importantes ont été enfouies ou immergées dans cette zone depuis la première guerre mondiale.

Selon la défense "rien ne permet d’écarter" la présence de nitrocellulose dans le sous-sol d’AZF. "Nous apportons maintenant des éléments montrant que cette hypothèse est une des plus plausibles", a indiqué mercredi Me Soulez Larivière pour justifier cette note en délibéré.

Le monde.fr - 04 juillet 2012


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