STRASBOURG, 14 décembre (Reuters) - La désactivation d’un mécanisme de sécurité serait à l’origine de l’explosion qui a fait deux morts le 15 juillet dernier dans une usine Total (TOTF.PA : Cotation) de Carling, en Moselle, selon les conclusions d’une commission d’enquête interne.

L’explosion avait eu lieu au moment où les ouvriers tentaient de rallumer un des surchauffeurs, un four à gaz qui chauffe la vapeur utilisée pour craquer le naphta, un dérivé pétrolier à partir duquel est produit de l’éthylène et du propylène.

Selon la commission d’enquête mise en place par le CHSCT (Comité hygiène, sécurité et conditions de travail), l’automatisme qui aurait dû stopper la sortie du gaz en cas d’absence de flamme avait été désactivé pour cause de déclenchements intempestifs.

"Si on n’avait eu cette barrière là, il n’aurait jamais pu y avoir d’accident", a dit lundi à Reuters Didier Gossart, secrétaire CGT du CHSCT, dont le rapport d’enquête n’a pas encore été rendu public.

Ce système de sécurité aurait été déconnecté peu après l’installation du vapocraqueur, en 1969, en misant sur le fait que les arrêts d’un tel équipement sont extrêmement rares, "une fois tous les six ans" en théorie, selon Didier Gossart, "quatre ou cinq fois au cours des six dernières années" dans les faits.

Le 15 juillet, les ouvriers tentaient de rallumer le surchauffeur, alors que le vapocraqueur avait été arrêté deux jours auparavant en raison d’un incident électrique provoqué par un orage.

Selon l’enquête, l’opération, plus difficile que prévu, a duré quatre minutes, assez de temps pour provoquer une accumulation de gaz détonante quand le détecteur de flamme aurait bloqué les vannes au bout de 90 secondes.

Le four s’était écroulé sur les deux victimes.

Une information judiciaire contre X pour homicides et blessures involontaires a été ouverte au tribunal de grande instance de Metz.

REUTERS Gilbert Reilhac, édité par Clément Dossin.