Une erreur de pilotage serait à l’origine du crash d’avion au Laos

Une erreur d’appréciation du pilote de "Lao Airlines", qui était aux commandes d’un avion volant dans des conditions météorologiques très dégradées, serait à l’origine de l’accident qui a coûté la vie mercredi 16 octobre à une cinquantaine de personnes, dont 7 Français, dans le sud du Laos.

L’appareil, un ATR 72 fabriqué par une entreprise franco-italienne et assemblé à Toulouse, s’est écrasé dans le Mékong alors qu’il s’apprêtait à se poser sur l’aéroport de Pakse, une destination touristique de la province de Champassak. Selon l’agence de presse laotienne KPL, les 47 personnes à bord de l’avion ont toutes péri. Lao Airlines, de son côté, affirme que l’appareil avait à son bord 44 passagers et cinq membres d’équipage.

Selon une source proche des milieux de l’aviation civile contacté à Vientiane, la capitale du Laos d’où l’ATR avait décollé mercredi à 14 h 45, le pilote de l’appareil aurait pris le risque d’atterrir par très mauvais temps. Selon ces informations, le commandant de bord, un Cambodgien à l’impeccable réputation de pilote, a traversé des nuages dont la violence l’a déporté de l’axe de la piste.

Constatant que sa trajectoire avait été déviée, le pilote aurait alors dépassé le terrain d’atterrissage après avoir remis les gaz en tirant sur le manche. L’ATR aurait alors repris de l’altitude mais, secoué par la violence des vents et de la pluie dans cette phase de l’atterrissage où la portance est réduite, il est alors tombé dans le Mékong, à six kilomètres de Pakse. Cette information n’a cependant pas été confirmée officiellement et il faudra attendre les résultats de la commission d’enquête, arrivée ce matin sur place, pour se faire une idée plus précise des causes du crash.

"HORREUR"

"C’est l’horreur", a raconté au quotidien anglophone thaïlandais Bangkok Post un résident étranger dont la maison se situe devant un temple chinois transformé en chapelle ardente. "J’ai vu des corps sans vie allongés par terre et d’autres aux bras desquels un goutte à goutte avait été injecté", a-t-il précisé, laissant penser que certaines victimes étaient encore vivantes juste après l’accident. Mais là aussi, ces informations restent à confirmer.

Après que les premiers corps sans vie des passagers de l’appareil eurent été retirés, l’avion s’est enfoncé dans le Mékong, gonflé par les pluies en cette fin de mousson. Des sauveteurs continuaient jeudi en fin de matinée de rechercher d’autres corps. Des débris étaient visibles sur les berges du fleuve tandis qu’une grue s’efforcait de remonter les restes de l’appareil.

TYPHON

Outre le nombre encore non confirmé de passagers laotiens, il y avait à bord de l’appareil une moitié d’étrangers, sept Français, six Australiens, cinq Thaïlandais, trois sud-coréens, un Taïwanais ainsi qu’un nombre indéterminé de Vietnamiens, d’Américains, de canadiens et de Malaisiens.

Depuis la veille, en raison du passage du typhon Nari depuis les côtes vietnamiennes, pluies et vent violents ont balayé les provinces du sud et du centre du Laos. A Paris, le président François Hollande a adressé ses condoléances aux proches et aux amis des victimes.

Lao Airlines est une compagnie aérienne dont le bilan en termes de sécurité s’est considérablement amélioré ces dernières années. Le dernier accident remonte à l’an 2000, quand un Yak 12, appareil de conception soviétique, s’était écrasé à Sam Neua, dans le nord du Laos, tuant 8 personnes. Lao Airlines n’utilise aujourd’hui plus qu’une flotte d’ATR 72 et d’Airbus A 320 et A 321. L’ATR est un appareil particulièrement adopté au Laos, pays au relief tourmenté, sa maniabilité lui permettant d’atterrir sur des pistes courtes construites en terrain accidenté.

Bruno Philip (Bangkok, correspondant régional) - Journaliste au Monde - 17 octobre 2013


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes