Nouveaux incidents sur des Boeing 787

La série noire du 787 Dreamliner de Boeing vient de s’enrichir d’un nouvel épisode. La compagnie Air India a annoncé, mardi 5 novembre, que le pare-brise d’un de ses 787 s’est fissuré lors d’un atterrissage dimanche soir à Melbourne, en Australie.
L’incident, s’il est qualifié de "mineur", a néanmoins conduit Air India et Boeing à annoncer, mardi, l’ouverture d’une enquête pour en trouver l’origine.

Un responsable d’Air India, cité par des médias, a déclaré que l’incident n’était pas lié à un défaut du 787, mais pourrait être dû à une brusque variation de la température ou à des projections sur le pare-brise. L’avion transportait 74 personnes, a précisé la presse. "Nous sommes en train de remplacer le pare-brise, et l’avion repartira aujourd’hui", a indiqué un porte-parole d’Air India.

LE PROBLÈME ORIGINEL DES BATTERIES TOUJOURS PAS RÉSOLU

Cet incident n’est que le dernier en date d’une longue liste. Un autre a impliqué lundi matin un Boeing 787 de la compagnie indienne, opérant la liaison de Londres à New Delhi.

Avec 184 passagers à bord, il a été contraint à un atterrissage prioritaire à New Delhi : des voyants dans le cockpit avertissant d’un problème dans le système de freinage se sont allumés alors que l’avion s’approchait de l’aéroport.

Déjà, en octobre, l’un des neuf 787 de la flotte d’Air India avait été victime d’une avarie. Cette fois-là, c’est un panneau de carénage qui s’était détaché. Mais la compagnie n’a pas souhaité préciser s’il s’agit du même appareil.

Le transporteur indien a commandé 27 Dreamliner et doit prendre livraison de son dixième exemplaire dans les prochains jours.

Décidemment, 2013 a tout d’un calvaire sans fin pour Boeing. Tout a commencé au début de l’année quand des Dreamliner de Japan airlines et de All Nippon Airways, deux des compagnies de lancement du 787, ont été victimes de plusieurs départs d’incendies sur leurs batteries électriques.

Ces incidents récurrents avaient conduit, en janvier, les autorités américaines de l’aviation à interdire de vol la cinquantaine de 787 déjà livrés pendant trois mois. Une première dans l’histoire de l’aviation civile depuis trente-quatre ans.

Pour obtenir à nouveau le feu vert de l’Agence fédérale américaine de l’aviation ( FAA), finalement délivré le 19 avril, les ingénieurs de Boeing avaient travaillé d’arrache-pied pendant trois mois pour mettre au point une solution durable.

In fine, les batteries au lithium des 787, qui avaient une fâcheuse tendance à la surchauffe, ont été enfermées dans un sarcophage d’acier muni d’une manière de pot d’échappement pour confiner d’éventuels incendies. Mais le problème originel n’a toujours pas été résolu.

2 000 à 3 000 SUPPRESSIONS DE POSTES

Les déboires du 787, cloué au sol ("groundé") pendant trois mois, auront coûté relativement cher à Boeing. Selon certaines estimations, la facture se monterait à près de 600 millions de dollars (460 millions d’euros.

Le coût social est lui aussi élevé. En mars, Boeing a annoncé 2 000 à 3 000 suppressions de postes, dont 800 licenciements secs liés aux malheurs du Dreamliner.

Pendant que Boeing pleure, Airbus se frotte les mains. En juin, l’A350, le nouveau gros porteur long courrier d’Airbus a effectué en premier vol sans aucun incident.

Surtout, l’avionneur européen semble tirer un profit commercial des ennuis de son rival américain. Début octobre, Airbus a ainsi annoncé la vente à Japan Airlines de cinquante-six A350. Une commande d’un montant de 9,5 milliards de dollars (7 milliards d’euros).

Il s’agit d’une première pour l’avionneur européen qui n’avait jamais, jusqu’alors, réussi à vendre de long-courriers au Japon, chasse gardée de Boeing depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

Il n’empêche, les problèmes techniques récurrents du Dreamliner n’ont pas pesé sur les résultats financiers de l’avionneur américain.

Au troisième trimestre, les bénéfices de Boeing ont progressé de 12 %. L’Américain a annoncé "un carnet de commandes record" de 415 milliards de dollars (301 milliards d’euros). Soit 4 787 avions. Et sept à huit années de travail.

Surtout, selon Boeing, le Dreamliner déjà commandé à 979 exemplaires auprès de soixante clients différents, promet d’être " le long-courrier le plus rapidement vendu de l’histoire de l’aviation ".

Guy Dutheil - Journaliste au Monde - 05 novembre 2013


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