Coup de filet anti-djihadiste à Strasbourg : six interpellations

Des jeunes Français, qui étaient partis faire le djihad en Syrie en décembre dernier, et sont rentrés en France depuis quelques semaines, ont été interpellés ce mardi matin, dans leur quartier de la Meinau à Strasbourg. Ils ont été placés en garde à vue. L’opération policière a été menée par les membres du Raid et du GIPN vers 6 heures ce matin.

Six personnes soupçonnées de s’être rendues récemment en Syrie ont été interpellées et placées en garde à vue dans le cadre de l’opération anti-jihadiste menée à Strasbourg mardi matin, a précisé le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

Il s’agit d’une « nouvelle démonstration de la détermination totale du gouvernement à lutter de toutes ses forces contre le terrorisme et l’embrigadement des jeunes dans la radicalisation violente », a ajouté le ministre dans une déclaration à la presse.
« On me demande souvent ce qu’il advient » à leur retour de ces jeunes partis en Syrie pour y mener le jihad : « ils sont en lien avec une entreprise terroriste, ils sont arrêtés et remis à la justice », a souligné le ministre.

Les forces de l’ordre sont intervenues principalement dans un immeuble de quatre étages, du quartier de la Meinau, à Strasbourg. A la Meinau, une trentaine de policiers des forces spéciales, lourdement armés, ont fait irruption ce matin vers 6 h dans plusieurs immeubles de quatre étages du quartier,18 rue de Provence à la Meinau. Plusieurs détonations de grenades assourdissantes ont été entendues par les témoins sur place.

Embrigadés via les réseaux sociaux
Les suspects, selon une source policière, se seraient rendus en Syrie, prétextant « des vacances », mi-décembre 2013. Ils sont « susceptibles d’avoir rejoint un camp d’entraînement ». Ils se sont « beaucoup manifestés » sur internet via des réseaux sociaux où ils auraient pris attache avec une filière d’embrigadement.

L’enquête devra « éclaircir tous ces points », a ajouté la source policière, incitant à la prudence, et « déterminer leur parcours notamment s’ils ont, ou non, combattu dans les rangs jihadistes ».

Un "facilitateur" recruteur qui apparaît dans plusieurs affaires
Selon une source proche du dossier, l’information judiciaire vise un certain Mourad Fares, 29 ans, originaire de Haute-Savoie et considéré par les services français comme un important « facilitateur », qui recrute des Français via les réseaux sociaux et se trouve toujours en Syrie. Il est apparu dans plusieurs dossiers, comme celui du groupe de Strasbourgeois dont faisaient partie les deux jeunes décédés ou celui des deux mineurs toulousains rentrés après un court périple dans la zone frontalière syro-turque.

L’« émir des Français »
Plus qu’un « émir des Français » comme il a pu être présenté, cet homme est considéré comme un propagandiste et un spécialiste de la logistique et du recrutement, expliquait récemment à l’AFP une source proche du dossier. Il gèrerait aussi le « transit » des jihadistes français d’un côté à l’autre de la frontière, utilisant un hôtel côté turc, selon une autre source. Egalement connu comme « Mourad al-Faransi » (Mourad le Français), il a été repéré sur la scène syrienne en juillet, précise une autre source proche du dossier.

Après la mort de deux jeunes de la Meinau en Syrie
Début 2014, la mort de deux jeunes de la Meinau partis rejoindre les rangs jihadistes en Syrie avait semé le trouble dans ce quartier du sud de Strasbourg, qui s’était mobilisé contre « l’endoctrinement jihadiste » après le départ présumé d’une douzaine de jeunes de la cité HLM, dont certains figureraient au nombre des interpellés, selon des sources policières.

"Tout le monde le savait qu’ils étaient revenus"
D’après le témoignage d’une riveraine, qui n’a pas souhaité donner son nom, il était de notoriété publique dans la cité que deux des jeunes partis en décembre combattre en Syrie étaient récemment revenus. « Tout le monde le savait qu’ils étaient revenus, ça fait un mois à peu près », a dit cette femme à l’AFP.

La police qui agit sur commission rogatoire dans le cadre, selon une source judiciaire, d’une information judiciaire confiée en novembre 2013 à une juge antiterroriste parisienne et en vertu des prérogatives de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et du juge anti-terroriste, a effectué des perquisitions dans les appartements des personnes arrêtées ce matin. Une demi-douzaine de policiers cagoulés et armés et plusieurs véhicules d’intervention étaient visibles devant un de ces immeubles. Selon des témoignages recueillis sur place, deux jeunes jihadistes qui ont trouvé la mort en Syrie étaient originaires de ce quartier, et d’autres étaient revenus de Syrie il y a environ un mois.

D’autres interventions auraient eu lieu dans d’autres secteurs de l’agglomération strasbourgeoise.
Au moins 6 interpellations
Six personnes ont été interpellées ce mardi matin à Strasbourg dans le cadre de cette opération policière anti-jihadiste, a-t-on appris de source policière.
Partis en vacances... dans un camp d’entraînement
Les jeunes - le nombre de quatorze est évoqué - affirmaient être partis de France en décembre dernier en Allemagne pour se rendre en vacances à Dubaï. En réalité, ils auraient rejoint un camp d’entrainement djihadiste via la Turquie pour se retrouver en Syrie.
Intervention du ministre de l’Intérieur
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a fait une déclaration ce mardi à 9 heures dans la cour du ministère, concernant cette opération. Il a confirmé cette opération strasbourgeoise y voyant "une nouvelle démonstration de la détermination totale du gouvernement" pour lutter contre "l’embrigadement des jeunes dans la radicalisation violente".
780 Français partis en Syrie
De source proche du dossier, quelque 780 personnes vivant en France sont parties pour la Syrie dans les rangs des groupes jihadistes, sont en route vers ce pays ou en sont revenues. La mort d’une petite trentaine d’entre elles a été recensée, selon cette source.
M. Cazeneuve avait chiffré début mai à 285 le nombre actuel des Français engagés sur les théâtres d’opérations en Syrie, soit « une hausse de 75% ces six derniers mois et comparable à celle des ressortissants d’autres pays européens ».
120 « seraient en transit vers la Syrie, 25 ont été tués lors des combats et une centaine seraient revenus en France après avoir combattu », avait-il ajouté. 116 femmes et une trentaine de mineurs sont concernés par ces filières.
Plusieurs dizaines de procédures judiciaires sont ouvertes.

Reuters, 13.05.2014, L’Alsace


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