Comment rendre les boîtes noires plus fiables et plus repérables

Émanation de l’ONU gérant le transport aérien mondial, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) tient cette semaine, à Montréal, une réunion de 600 experts, dont les directeurs de l’aviation civile des 190 États membres. Ces débats, très ouverts, visent à formuler des recommandations qui seront ensuite entérinées par l’assemblée générale en octobre.

À l’ordre du jour, une proposition de la France vise à améliorer la récupération des données d’un vol après un accident. Au moment où reprennent dans l’Atlantique-Sud les recherches de l’épave de l’Airbus du crash de l’AF 447 Rio-Paris , le concept des enregistreurs de vol pourrait évoluer et la nouvelle génération apparaître sur l’Airbus A350, en cours de développement. Plusieurs améliorations des boîtes noires sont envisagées. Elles pourraient être rendues flottantes pour être plus faciles à récupérer ou encore placées dans un élément de structure de l’avion qui flotte, comme l’empennage vertical, souvent réalisé en carbone. Il est également envisagé de les rendre éjectables, comme c’est le cas sur des équipements militaires équivalents. La durée de vie de la pile qui alimente l’émetteur permettant la localisation des boîtes noires sous l’eau pourrait être portée de trente à quatre-vingt-dix jours. Cette amélioration ne coûterait qu’une poignée de dollars. Or la première campagne de recherches en mer de l’AF 447 l’été dernier n’avait pas été prolongée au-delà d’un mois, sachant que le signal radio ne pouvait plus être émis.

De nouveaux enregistreurs sur l’Airbus A350

L’autre solution avancée consisterait à transmettre au sol en temps réel les données habituellement stockées dans les mémoires des enregistreurs de vol. Conservées, ces informations sur la trajectoire, la puissance des moteurs, l’état des systèmes, les bruits et conversations à bord ne seraient traitées qu’en cas d’accident ou d’incident. Star Navigation Systems Group, une start-up canadienne, propose déjà une solution technique, mais plusieurs problèmes restent à résoudre. Les milliers de données relevées par seconde ne peuvent pas toutes être transmises, au risque de saturer la bande passante des transmissions par satellite, un chiffre à multiplier par la vingtaine de milliers d’avions volant simultanément dans les cieux mondiaux. Les paramètres sélectionnés doivent ensuite être compressés et cryptés. Qui saurait les analyser percevrait, en effet, les secrets industriels et commerciaux des compagnies aériennes en découvrant la charge marchande de chaque avion, son temps exact d’utilisation, le carburant embarqué, la consommation, etc.

Airbus, dans le cadre de la réunion actuelle de l’OACI, s’est déclaré prêt à intégrer une nouvelle génération d’enregistreurs de vol sur l’Airbus A350, long-courrier de 350 sièges en cours de développement, concurrent des Boeing 777 et 787. À condition toutefois que la décision soit prise rapidement, car les premiers éléments sont déjà usinés pour cet appareil qui doit entrer en service en 2014. Mettre à bord un tel équipement nouveau demande de sélectionner des fournisseurs puis, en liaison avec eux, de longs mois de développement aux bureaux d’études, des essais au sol puis en vol avant la mise en place sur l’avion et une nouvelle campagne de tests amenant à la certification.

LePoint.fr Thierry VIGOUREUX


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