Ludovic a d’abord cru qu’il s’agissait de...

Ludovic a d’abord cru qu’il s’agissait de pétards du Nouvel an chinois. Claude a pensé à un hold-up contre l’agence de la BNP située dans le quartier. Jonas s’est quant à lui imaginé qu’un échafaudage venait de s’écrouler. Ce n’est que quelques minutes plus tard, vers 11h30, en apercevant le corps d’un policier au milieu de la rue Nicolas Appert, une allée calme du 11e arrondissement de Paris, que ce jeune trentenaire, qui travaille à 100 mètres des locaux de Charlie Hebdo, a réalisé que le journal satirique venait d’être victime d’une fusillade.

Selon le dernier bilan, douze personnes sont décédées, dont deux policiers. Cinq autres se trouvent toujours dans un état critique. Trois victimes ont été plus légèrement blessées. "C’est un attentat terroriste, cela ne fait pas de doute", a déclaré François Hollande en arrivant sur les lieux, accompagné de son ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Et de préciser : "plusieurs attentats ont déjà été déjoués ces dernières semaines".
"Ils tiraient dans la rue partout"

Selon les premiers éléments de l’enquête, deux hommes cagoulés et armés de kalachnikov sont descendus d’une Citroën noire vers 11h30. Un troisième est resté dans le véhicule. La date et l’heure ne semblent pas avoir été choisies au hasard : tous les mercredis matins, l’équipe tient sa conférence de rédaction. Les deux assaillants filent vers le 6 de la rue. "Ils ont demandé si le siège de Charlie était bien là, on leur a répondu que c’était l’entrée d’à côté. Ils ont été au 10 et ont ouvert le feu. Ils ont tiré à bout portant sur toutes les personnes présentes dans la pièce. Ce n’est pas très grand, ça a été un véritable carnage", confie à L’Express une source proche du dossier.

Dix personnes ont été tuées dans les locaux : des plumes de l’hebdomadaire, à l’instar de Charb, Cabu, Tignous ou Wolinski, mais également un policier, chargé d’assurer la protection de Charlie Hebdo. Le siège du journal et plusieurs contributeurs étaient sous protection policière depuis fin 2011, après la publication d’une série de caricatures du prophète. Le siège du journal avait été incendié et le directeur de la publication promis à la décapitation. Si aucune piste n’est pour l’heure écartée, la piste d’une vengeance liée à cette publication reste privilégiée. Une vidéo amateur montre les deux assaillants sortant du bâtiment en criant, "Allah Akbar" (Dieu est grand) et "On a tué Charlie Hebdo".

Ils auraient continué à faire usage de leurs armes dans la rue, selon plusieurs témoins. "Ils tiraient dans la rue partout", confie Claude, encore sous le choc. Il habite à quelques mètres des locaux de Charlie Hebdo. Il était sorti faire une course lorsqu’il a vu "deux hommes cagoulés et très lourdement armés courir en direction de leur voiture". Même scène décrite par Félix, qui travaille dans une papeterie au bout de la rue. "Je les ai vu courir, ils étaient tout en noir et armés. J’ai cru que c’était l’antigang."

Dans leur fuite, ils tombent sur une voiture de la Bac du 11e arrondissement. "L’alerte n’avait pas encore été donnée, mais les policiers font fréquemment des rondes devant le journal par mesure de protection", explique une source policière. Ils ouvrent le feu. Pas moins d’une trentaine d’impacts de balles sont visibles sur le pare-brise et la portière du véhicule. "L’un des policiers a été touché à la jambe, confirme Emmanuel Quémener, du syndicat Alliance. Lorsqu’il a tenté de s’extraire du véhicule, deux hommes sont ressortis et l’ont abattu d’une balle dans la tête". La scène, filmée par des témoins retranchés sur le toit d’une immeuble est terrible. L’exécution est rapide : l’un des deux hommes s’approche de sa victime. Ce dernier le regarde. Le terroriste ne tremble pas : il l’abat. Froidement.

"Quand les coups de feu se sont arrêtés, on a attendu trois ou quatre minutes puis on est sorti pour voir ce qu’il se passait, raconte Jules, qui travaille dans la rue. On a vu le corps du policier étendu sur le sol. A quelques mètres, il y avait une femme terrorisée qui tremblait. Elle n’a pas été blessée mais elle était complètement sous le choc."
En moins de dix minutes, plusieurs voitures de pompiers et de police arrivent sur les lieux. Mais les trois terroristes ont eu le temps de prendre la fuite. Selon plusieurs sources policières, ils auraient abandonné leur véhicule à Pantin au profit d’une Clio de couleur claire. La traque se poursuit. "Tout est mis en oeuvre pour neutraliser le plus rapidement possible les trois criminels qui ont été à l’origine de cet acte barbare", a déclaré le ministre de l’Intérieur.

Source : lexpress.fr
Auteur : Caroline Politi
Date : 07 janvier 2015


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