Surriradiés d’Epinal. La justice se prononce en appel

Le scandale sanitaire des surirradiations à l’hôpital d’Épinal, est le pire accident de ce type jamais enregistré en France. Des centaines de patients ont subi des traitements par radiations à trop fortes doses, causant 12 décès et des séquelles très graves pour les autres malades.

L’accusation a requis de la prison ferme contre deux médecins et un radiophysicien. La cour d’appel de Paris se prononce ce jeudi après-midi.

Condamnations en 2013

Les deux médecins, Jean-François Sztermer, 66 ans, et Michel Aubertel, 64 ans, avaient été condamnés en janvier 2013 à quatre ans de prison, dont dix-huit mois ferme, et le radiophysicien Joshua Anah, 57 ans, à trois ans, dont 18 mois ferme. Les deux médecins avaient également été condamnés à 20 000 euros d’amende et à la radiation à vie et le radiophysicien à 10 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction d’exercer.

Nouveau procès fin 2014

Les trois hommes avaient fait appel et au nouveau procès, fin 2014, l’accusation avait demandé la confirmation de ces peines, jugeant qu’ils s’étaient bien rendus coupables « d’homicides et blessures involontaires » et dénonçant leurs « négligences », « nonchalance » et « dissimulation ».

Près de 450 patients, principalement traités pour cancer de la prostate, avaient été victimes de surirradiations dans l’établissement entre 2001 et 2006, lors de deux incidents distincts. Douze en sont morts, et beaucoup souffrent de séquelles très graves.

Pour l’accusation, les médecins ont « prescrit au-delà des doses recommandées sans prévenir les patients et sans disposer des moyens humains et techniques nécessaires » dans le service. Et une fois l’accident découvert, ils se seraient par ailleurs rendus coupables de non-assistance à personne en danger en n’alertant pas les malades ou leurs médecins traitants, alors même qu’ils étaient « conscients des complications possibles ».

Quant au radiophysicien, l’avocat général avait dénoncé ses « négligences » de « dilettante » ayant conduit à des erreurs de manipulation lors de l’administration des soins et la non prise en compte dans la dosimétrie totale de doses de rayons reçues lors de clichés de contrôle.

« Huit ans qu’on se bat »

Sa défense avait souligné qu’il était seul, dans un contexte de « sous-effectif », conduisant à une « erreur » qu’il « a reconnue » et pour laquelle il a « demandé pardon » mais qu’il n’avait sans doute « pas les moyens d’éviter ».

Les avocats des deux médecins s’étaient, eux, attachés à démontrer la difficulté à prouver la responsabilité directe de leurs clients, appelant les juges à ne pas condamner pour le principe.

Homicides involontaires

En première instance, les juges avaient déclaré les deux médecins coupables d’homicides involontaires, alors même que le procureur n’avait retenu contre eux que les infractions de non-assistance à personne en danger et destruction de preuves.

« Ça fait quasiment huit ans que l’on se bat et que l’on attend, on aimerait bien que ça s’arrête », a déclaré à l’AFP Philippe Stabler, président de l’association des victimes, rappelant que celles-ci n’avaient pas été « preneuses » de ce deuxième procès.

Une quinzaine de victimes devraient être présentes pour entendre l’arrêt de la cour d’appel. Contrairement aux cinq semaines d’audiences, cette lecture ne sera pas retransmise en direct au palais de justice d’Epinal.

Ce procès en appel ne concernait pas quatre autres prévenus relaxés en première instance de non-assistance à personne en danger : l’ex-directrice de la Ddass des Vosges, l’ancien directeur de l’agence régionale d’hospitalisation de Lorraine, la directrice de l’hôpital et l’établissement lui-même comme personne morale.

Le parquet n’avait pas fait appel de ces relaxes.

Source : ouest-france.fr
Date : 02 avril 2015

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