Trois personnes jugées pour l’incendie qui avait tué cinq pompiers à Neuilly en 2002

Le procès de la propriétaire et des deux occupants d’une chambre de bonne de Neuilly-sur-Seine, poursuivis pour homicide involontaire à la suite de la mort de cinq pompiers de Paris lors d’un incendie survenu en septembre 2002, s’est ouvert mardi matin au tribunal de Nanterre.

Plus d’une vingtaine de proches des victimes, parties civiles dans le procès, se sont massés au centre de la salle d’audience, devant les bancs du public.

A leur droite, les trois prévenus ont pris place, accompagnés d’une interprète pour les deux locataires polonais qui occupaient la chambre à l’époque des faits.La propriétaire du lieu, Dominique De Galard Terraube, 58 ans, médecin de la fonction publique qui louait sa pièce de 9 m2 à un homme en situation irrégulière pour 200 euros par mois, est poursuivie pour la non-conformité de son installation électrique, qui n’avait pas été rénovée depuis 1981.

Les deux locataires, Waldemar Wojcik, 49 ans, arrivé en France en 2002, et sa fille Ewa, 27 ans, qui venait de le rejoindre, se voient reprocher d’avoir branché une multitude d’appareils (bouilloire, radio-réveil, plaques chauffantes, télévision, décodeur, ventilateur) alors que l’installation ne pouvait supporter qu’un rasoir électrique ou un sèche-cheveux.Selon deux experts nommés dans le cadre de l’instruction, l’incendie survenu le 14 septembre 2002 a été provoqué par un court-circuit du téléviseur, sans doute dû à sa chute ou à de l’eau venant de vêtements qui séchaient au-dessus.

Deux pompiers intervenus le jour du drame sont revenus mardi sur le phénomène de "flash-over" qui a conduit à la mort de leurs collègues.Lorsque les pompiers ont enfoncé la porte, au 7e étage de l’immeuble, l’apport brusque d’oxygène dans la pièce exiguë où s’étaient dégagées de fortes quantités de gaz de combustion a provoqué un "embrasement-éclair généralisé", une boule de feu de plus de 1.000 degrés fatale à cinq jeunes pompiers, âgés de 22 à 27 ans.Chef de garde ce jour-là, Daniel Rembert a raconté qu’il ne s’attendait pas à ce type de phénomène vu la "dimension réduite" de l’incendie.

A la demande de l’avocat des deux locataires, Me Louis-Maurice Faure, il a aussi expliqué que depuis le drame, les protocoles d’intervention ont été modifiés, avec le déploiement de "moyens hydrauliques plus importants d’emblée".Les premières auditions, mardi matin, ont mis en lumière les conditions sommaires dans lesquelles vivaient les deux occupants de la chambre, où de vieilles prises en porcelaine côtoyaient une plaque de cuisson posée quasiment à même le sol, avec un matelas roulé au-dessus d’une armoire dans la journée pour faire de la place.

La propriétaire a pour sa part immédiatement été mise en difficulté par la présidente de la 18e chambre correctionnelle, Arielle Bailet.Les premières questions ont en effet porté sur de fausses déclarations à la police.

Mme De Galard Terraube avait assuré aux enquêteurs que la chambre était prêtée gratuitement et non louée aux occupants. M. Wojcik avait tenu les mêmes propos, sur demande de sa propriétaire, accuse-t-il aujourd’hui.

Le procès doit durer trois jours. Les prévenus encourent 3 ans de prison et 45.000 euros d’amende.

AFP, le 12 février 2008.


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