Naufrage sur la Seine : la vitesse en cause, vers l’ouverture d’une information judiciaire

Le parquet de Paris s’apprêtait lundi à ouvrir une information judiciaire pour "homicides et blessures involontaires" après le naufrage d’une vedette de plaisance, samedi sur la Seine, impliquant un bateau-mouche dont la vitesse de navigation était trop élevée.

Deux hommes, le pilote et le copilote du bateau-mouche La Besogne, mis en cause dans cet accident rarissime, ont vu leur garde à vue prolongée dimanche soir de 24 heures supplémentaires. Après l’ouverture de l’information judiciaire, lundi en fin de journée ou mardi, ces deux hommes sont susceptibles d’être présentés à un juge d’instruction qui peut les mettre en examen ou les entendre sous le statut de témoin assisté.

Samedi peu avant 22H00, La Besogne a violemment percuté par l’arrière une petite vedette de plaisance, causant une importante voie d’eau, puis le rapide naufrage de l’embarcation, louée par quatre familles, selon une source judiciaire. Des douze personnes qui se trouvaient à bord, dix ont pu rejoindre à la nage les berges. Mais un homme de 45 ans et un garçonnet de 6 ans, restés prisonniers dans la cabine, sont décédés peu après le drame. Aucun passager du bateau-mouche, qui a une capacité de 400 personnes, n’a été blessé.

L’accident s’est produit tout près du pont de l’Archevêché (Ve), derrière la cathédrale Notre-Dame. Il s’agit d’un passage à sens unique où les trématages (dépassements) et demi-tours sont interdits, selon une source policière. "C’est un endroit très dangereux pour la navigation, accidentogène", a relevé le secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau. "C’est un lieu où il faut circuler lentement", a-t-il insisté sur France 2.

Les enquêteurs privilégient la thèse d’une "vitesse trop élevée" de La Besogne pour expliquer cet accident, a indiqué une source judiciaire. La vitesse est limitée à 12 km/h sur la Seine dans Paris pour les péniches et bateaux-mouches et à 18 km/h pour les embarcations de plaisance. Le pilote du bateau-mouche a lui-même reconnu au cours de sa garde à vue qu’il naviguait trop vite, a ajouté cette source, précisant que des témoins avaient fait état d’une "importante différence de vitesse entre les deux bateaux".

Plus de 400 bateaux naviguent sur la Seine chaque jour dans la capitale, selon la Préfecture de police (PP), dont la brigade fluviale mène fréquemment des opérations de sensibilisation sur les dangers de la vitesse.

Le 6 juin, une de ces opérations avait ainsi conduit à un rappel à l’ordre pour 15 embarcations naviguant à une vitesse excessive sur 42 contrôlées. "Les collisions entre bateaux sont rares" et le plus souvent sans conséquence, relève une source policière. Le dernier décès dans une collision sur la Seine remonte ainsi au 20 août 2003 et impliquait déjà le même bateau-mouche.

Ce soir-là, La Besogne avait percuté au niveau du pont des Invalides une embarcation de type Zodiac, tuant son pilote. Le pilote du bateau-mouche avait été condamné en appel en mai 2005 à six mois d’emprisonnement avec sursis. Le 23 mars 1989, La Besogne avait également percuté un convoi de quatre barges de graviers remontant le courant provoquant la mort d’un passager, une vingtaine de personnes étant blessées. Sollicitée par l’AFP, la Compagnie des Bateaux-Mouches, dont dépend La Besogne, n’a pas souhaité réagir lundi.

AFP, 15 Septembre 2008


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