Drame du concert de Madonna à Marseille : un rapport accablant

Le document remis au juge dresse l’inventaire des nombreux manquements

C’est un rapport d’enquête accablant, qui a été remis au juge d’instruction marseillais Luc Fontaine, chargé de mener les investigations depuis la chute de la scène de Madonna, le 16 juillet 2009, au stade Vélodrome. Un drame qui avait fait deux morts, un ouvrier français et un ouvrier anglais, mais aussi seize blessés.

Dans ce document, les experts pointent l’ensemble des manquements à la sécurité qui auraient été commis ce jour-là et seraient à l’origine de l’effondrement de la structure. Sur "les douze moteurs indépendants", qui devaient servir à hisser le toit, "les moteurs des tours numéros 5 et 6 sont tombés en panne". Ils vont dès lors être remplacés par une "grue télescopique".

Seulement voilà, l’élingue de la grue, "en textile de couleur bleue", qui va être utilisée, va très vite se révéler défaillante. Les experts vont noter que "les vitesses des moteurs et de la grue étaient différentes", qu’après "un premier, puis un deuxième arrêt pour remettre de niveau le toit", alors qu’"il reste entre 20 et 50 cm" à parcourir, "l’ordre est donné à un ouvrier de monter pour terminer l’élévation."

Les experts citent alors "un fort craquement", puis "le toit s’écroule". Et les enquêteurs de poursuivre. Ils évoquent pêle-mêle "une élingue posée dans une zone inadaptée, cause initiale du phénomène de chute de la toiture", une "absence de point de levage adapté", "un positionnement dangereux de l’élingue par rapport aux points d’appui des treuils", "un problème de coordination", de "graves défauts de calage", des "mouvements d’oscillation de la tour", une "capacité de l’élingue dépassée", une "sous-estimation des charges à lever" et "un poids de la structure maximum à lever estimé à54 tonnes, alors qu’il était de 67 tonnes."

De plus, pour les experts, "la panne de moteur aurait dû être prévue par le concepteur", d’autant que d’autres pannes auraient eu lieu antérieurement sur des moteurs identiques. "Aucune instruction pour positionner les élingues en cas de panne" n’est donnée par le fabricant, relèvent-ils.

Madonna aussi généreuse qu’hier ?

À cela s’ajouterait une "absence de formation pratique des ouvriers" qui ont travaillé sur la structure et "pas de mode opératoire imposé". Il reste désormais au juge Luc Fontaine de faire le tri entre les responsabilités. Quelles seront les premières cibles des mises en examen ? Le fabricant ? La société qui a procédé au levage ? Madonna en tant qu’organisatrice ?

Me Philippe Vouland, l’avocat de Charles Criscenzo, l’un des deux ouvriers décédés dans l’accident, "salue des conclusions qui expliquent bien les causes de l’accident". Il "craint toutefois que la compagnie d’assurances de Madonna, qui s’était rapidement rendue sur place, n’ait pas le même élan de générosité que dans les premiers jours". "Mais j’espère me tromper", a-t-il insisté hier.

La Provence.com, le 1er juillet 2010


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