AF447 : Air France avait connaissance d’"un risque critique" estime une association

Le mémorandum sur l’accident du vol Rio-Paris remis à la justice par Air France montre que la compagnie savait que la défaillance des sondes de vitesse constituait "un risque critique" pour la sécurité des vols, a estimé vendredi une association des victimes.

"Par cette note, Air France valide officiellement que les problèmes des sondes Pitot constituaient un risque critique pour la sécurité des vols et qu’elle en avait l’entière connaissance puisqu’elle échangeait sur le sujet depuis longtemps avec Airbus", a déclaré à l’AFP Jean-Baptiste Audousset, président d’une association de familles de victimes, "Entraide et solidarité AF447".

"Qui dit +risque critique+ pour la sécurité des vols, dit risque de catastrophe. Depuis plusieurs mois, on nous répète qu’il est impossible de tenir une conclusion sur le rôle majeur des sondes Pitot. Avec ce mémorandum, Air France valide sans ambiguïté que les sondes Pitot sont au coeur de la chaîne causale qui a conduit au crash", a-t-il ajouté.

L’avocat d’Air France, Me Fernand Garnault, a remis à la justice un mémorandum sur l’accident de l’A330 survenu le 1er juin 2009 faisant 228 victimes.

Dans ce document de 15 pages dont l’AFP a obtenu une copie, la compagnie s’estime irréprochable, soulignant avoir alerté les autorités compétentes et interrogé à maintes reprises le constructeur européen Airbus sur les incidents en série (givrage) constatés sur les sondes fabriquées par Thales.

La compagnie pointe en revanche du doigt Airbus et Thales. "Airbus et Thales ont considéré ces événements comme mineurs et sans conséquence potentiellement catastrophique", indique la compagnie dans ses conclusions.

Elle estime toutefois qu’"il est impossible d’établir avec certitude un lien de cause à effet entre le dysfonctionnement des sondes Pitot et l’accident", reprenant ainsi les conclusions provisoires du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) chargé des investigations techniques.

Le BEA estime que le givrage des sondes a joué un rôle dans l’accident mais cela ne peut expliquer à elle seule la catastrophe.

Le syndicat des pilotes d’Air France Alter (minoritaire) estime de son côté qu’avec ce mémorandum, la compagnie fait l’aveu qu’elle ne s’est bornée qu’aux procédures réglementaires.

"On se heurte à une compagnie qui se borne à dire qu’elle a fait son travail réglementaire en informant les autorités sans toutefois aller au-delà. Elle n’a pas fait changer les sondes Pitot en cause" sur la flotte long-courrier, a commenté le porte-parole Christophe Pesenti.

Il souligne que la conviction du syndicat, l’un des premiers à avoir révélé à l’opinion la défaillance des Pitot après l’accident, reste que "s’il n’y avait pas eu dysfonctionnement des sondes Pitot, l’avion serait arrivé à destination".

Selon lui, le nouveau document versé à la justice montre que "la bataille de cabinets d’avocats a commencé pour se rejeter la faute".

"Nous préférerions que la vérité soit faite pour qu’un tel accident ne se reproduise pas", dit-il.

Jean-Baptiste Audousset estime de son côté que cette note aura peut-être le mérite de faire réagir les différentes parties.

"Un des points positifs est le fait qu’Air France mette en cause de façon directe Airbus mais aussi la DGAC, le BEA. Cela nous permet d’espérer que les langues vont enfin se délier", conclut-il.

AFP - LE 26 novembre 2010


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