La seconde boîte noire de l’AF 447 repêchée

Cet enregistreur, entier et en bon état, contient les communications radios, les conversations des pilotes et les bruits d’ambiance du cockpit de l’Airbus accidenté en 2009 au large du Brésil.

Le mystère entourant le crash du vol Rio-Paris est peut-être en passe d’être levé. La seconde boîte noire de l’A330 d’Air France, qui s’était abîmé dans l’Atlantique sud le 1er juin 2009, causant la mort de 228 passagers, a été repêchée lundi soir. Les enquêteurs du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), lancés dans des investigations hors normes depuis 23 mois - quelque 35 millions d’euros ont été dépensés, un record pour la France-, avaient déjà annoncé dimanche avoir repêché la première boîte noire, l’enregistreur de paramètres du vol, dit Flight Data Recorder (FDR).

La seconde boîte noire a été localisée à 3.900 mètres de profondeur, à une dizaine de mètres de la première, lundi soir à 23h50, heure de Paris, et a été remontée à bord d’un navire mardi matin par un robot sous-marin. Il s’agit cette fois d’un enregistreur phonique, ou Cockpit Voice Recorder (CVR), qui contient l’environnement acoustique du poste de pilotage. Communications radios, conversations des pilotes, bruits d’ambiance du cockpit (moteur, alarmes)… Autant de précieuses informations, qui pourraient permettre aux enquêteurs de reconstituer le scénario de la catastrophe.

« Si on arrive à lire les deux enregistreurs, on arrivera à comprendre ce qui s’est passé », explique Jean-Paul Troadec, directeur du BEA. Cela dépendra du phénomène de corrosion qui a pu endommager une partie des données. « La (seconde) boîte noire est entière. Le châssis, le module et même le cylindre de balise sont là. Globalement, l’aspect extérieur du boîtier est correct, en bon état », a ajouté Jean-Paul Troadec.

Des réponses attendues fin mai
De même que la première boîte noire, elle aussi en bon état, le CVR a immédiatement été placé sous scellé pour les besoins de l’enquête judiciaire. Les deux enregistreurs ont également été plongés dans un container rempli d’eau douce, à température normale, afin qu’ils ne subissent pas de changement brutal d’environnement. Ils resteront ainsi immergés jusqu’à ce que leur dépouillement commence au BEA au Bourget, près de Paris, d’ici quelque huit jours. Pour respecter la continuité territoriale imposée par la justice française, les boîtes noires vont être récupérées par la marine nationale française dans les prochains jours. Elles transiteront ensuite par Cayenne, en Guyane, avant d’être convoyées à Paris par avion.

Au BEA, la rupture des scellés se fera en présence d’un officier de police judiciaire. Ensuite, les cartes mémoire seront extraites des boîtes, nettoyées et asséchées. S’ils ne sont pas endommagés, les enregistrements seront exploitables quasi instantanément. Les bandes seront lues au moyen d’un magnétoscope et les cartes mémoire exploitées sur un châssis prévu à cet effet. Si tout se déroule comme prévu, les boîtes devraient parler d’ici à la fin du mois de mai.

A ce jour, l’accident reste inexpliqué. Les enquêteurs ont déterminé que la défaillance des sondes de vitesse de l’appareil, dites Pitot du fabricant Thales, était l’une des causes de la tragédie. Mais ils estiment que ce dysfonctionnement ne peut expliquer à lui seul le crash.

L’élucidation du mystère pourrait aussi venir de l’analyse de débris de l’avion. Le directeur du BEA a précisé que les enquêteurs avaient identifié « toutes les pièces qu’ils souhaitaient repêcher ». « Leur repêchage doit commencer très prochainement », a-t-il assuré. « Les opérations vont être délicates, il va falloir utiliser des grues pour certaines pièces », a-t-il enfin expliqué. Sur le plan judiciaire, le constructeur européen Airbus et Air France ont été mis en examen en mars pour homicides involontaires.

Par Fabrice Amedeo - Le Figaro - publié le 3 mai 2011


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