Crash de la caravelle Ajaccio-Nice : rendez-vous le 2 mai

Les deux frères sont venus vêtus de noir, cravate comprise, hier au palais de justice de Nice. En fait, Louis Paoli ne porte que des cravates noires depuis le 11 septembre 1968 et ce crash qui l’a rendu orphelin. « Je vivais avec mes parents. Je devais prendre l’avion avec eux. Et je suis un peu… » Son aîné Mathieu finit pour lui : « ...touché ».

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Connaître la vérité. C’est le combat d’une vie des frères Paoli, porte-parole des proches des 95 victimes de la caravelle Ajaccio-Nice, convaincus qu’un missile égaré lors d’exercices militaires a causé le drame*. Combat loin d’être gagné. Mais hier, ils pensent avoir remporté « une première victoire ». La justice leur a fixé un nouveau rendez-vous : le 2 mai prochain, date à laquelle l’audience est renvoyée.

« Le ministère ne peut être jugé »

« Enfin, on nous accorde cette audience attendue depuis plus de quarante ans ! », se félicite Me Paul Sollacaro. La partie s’annonçait pourtant serrée. Et pour cause. C’est l’Armée que l’association des familles de victimes, présidée par Mathieu Paoli, fait citer en correctionnelle pour « homicide involontaire ». L’État, donc. Or celui-ci n’est pas responsable pénalement.

Le procureur Olivier Caracotch le rappelle d’ailleurs d’emblée. « Cette citation ne vise pas une personne. Ni physique, ni morale. Le ministère de la Défense ne peut être jugé. Vous êtes saisis pour juger… un rien. Je vous demande de déclarer cette citation irrecevable. »

Enième tentative de relancer la machine judiciaire, la procédure allait-elle rester mort-née ? Me Catherine Cottray-Lanfranchi, mandatée par l’agent judiciaire du Trésor public, insiste : « Le ministère de la Défense ne peut pas comparaître devant votre juridiction. » Réplique de Me Sollacaro, côté partie civile : « À ce stade, je ne vois aucun motif d’irrecevabilité ! »

« Il faudra bien aborder le fond »

À l’arrivée, le débat reste en suspens. Renvoyé à début mai par le tribunal. Attention, précise son président Patrick Véron : « Ça ne préjuge et ne présage de rien, ni sur la recevabilité, ni sur le fond. » Il s’agissait pour l’heure d’une audience de procédure. Le fond du dossier ? « À un moment donné, il faudra bien l’aborder », estime Paul Sollacaro dans la salle des pas perdus.

En attendant, Catherine Casanova de Surville salue « un homme courageux : le président du tribunal. » Cette Corse établie à Nice, qui a perdu un ami dans le crash de 1968, soutient les frères Paoli dans leur « recherche de vérité. Le simple fait de se retrouver devant un tribunal, cela prouve que cette vérité n’a pas été établie… »

Par nicematin.com publié le 25 janvier 2011.


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