Vol Rio-Paris : La boîte noire détient des réponses clés

25 heures d’enregistrements précieux

Le FDR (flight data recorder) du vol AF447 repêché dimanche a enregistré tous les paramètres du vol tels que la vitesse de l’appareil, l’altitude, la trajectoire, le fonctionnement des moteurs, le pilote automatique… soit 1.300 données enregistrées pendant 25 heures. La seconde boîte noire de l’avion, dite CVR (cockpit voice recorder), n’a pour l’heure pas été localisée. Elle contient les conversations, mais aussi tous les sons et les annonces entendus dans la cabine de pilotage. Ces enregistreurs, introduits dans l’aviation dans les années 1960, se trouvent à l’intérieur de boîtes métalliques particulièrement solides, conçues pour résister à des chocs extrêmement violents, à des feux intenses et à de longues immersions en eau profonde. D’un poids de 10 kg chacune, elles sont en fait orange et munies de bandes blanches réfléchissantes afin d’être retrouvées plus facilement. Le terme « noir » fait allusion au fait que leur contenu est protégé et inaccessible aux non-initiés.

Les données pourraient être exploitables

Aucune certitude à ce stade. Les experts du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) soulignent que le boîtier est en « bon état physique », mais ils ne savent pas s’ils pourront tout exploiter. « Trois facteurs peuvent endommager les boîtes noires, explique Robert Galan, expert indépendant en aéronautique (*). Premièrement, la violence du choc : pour l’AF447, ce risque semble écarté car les photos montrent des boîtiers intacts. Mais la corrosion liée au sel et la pression de l’eau peuvent également altérer le contenu des boîtes. Nous ne le saurons que lorsqu’elles seront ouvertes. »

Il est déjà arrivé que des boîtes noires soient exploitées des mois après leur immersion. Ce fut le cas du Boeing 737 d’Adam Air qui s’était abîmé en Indonésie en 2007. Les enregistreurs avaient été retrouvés 240 jours après l’accident. « Une boîte qui avait brûlé pendant trois heures à également pu être analysée, explique le BEA. Mais ce n’est pas systématique. Il arrive aussi que les données ne soient pas lisibles. »

Beaucoup de réponses attendues

« Si la boîte repêchée est exploitable, oui, répond Robert Galan. Nous disposerons alors d’informations très précises sur le vol. Certes, elle ne contient pas les bruits du cockpit, mais cette boîte noire permettra de répondre à 80 ou 85 % des questions que l’on se pose. » Le directeur du BEA se montre plus prudent : « Sans la seconde boîte noire, il nous manquera des données essentielles, comme la manière dont les pilotes ont réagi, les raisons d’avoir pris telle ou telle décision face à l’urgence », estime Jean-Paul Troadec.

Huit à dix jours pour commencer l’analyse

Sous scellés, compte tenu de l’enquête judiciaire, elle a été placée dans un container rempli d’eau pour être conservée dans son état actuel. Elle restera immergée jusqu’à ce que son dépouillement commence d’ici huit à dix jours, soit le temps prévu pour son acheminement vers le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA), au Bourget, près de Paris. D’ici là, la boîte noire va être récupérée par la Marine nationale et transitera par un port français, à Cayenne, avant d’être convoyée en France par avion.

Une douzaine d’experts mobilisés

Le boîtier de l’Airbus A330 contient des données sous format numérique, qui seront transférées sur un support informatique semblable à une clé USB. Les informations pourront être récupérées en deux ou trois jours si elles sont en très bon état. S’il y a eu oxydation, cela prendra quelques semaines car il faut alors récupérer l’information sur chaque puce. « Une grosse douzaine de techniciens du BEA devrait être chargés d’analyser la boîte noire. Ils se relaieront pour travailler jour et nuit si cela est nécessaire. »

(*) Auteur de On a retrouvé les boîtes noires (2008)

Des boîtes plus modernes

L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) espère améliorer d’ici un ou deux ans le système des boîtes noires à bord des avions. « Après l’accident Rio-Paris, nous ne pouvons plus vivre avec le système que nous avons connu », a déclaré lundi son secrétaire général, Raymond Benjamin. L’OACI aimerait prolonger de 30 à 90 jours la vie du signal émis par les boîtes noires pour aider à leur recherche et en augmenter la portée de 2 à 9 kilomètres. L’organisation voudrait aussi que les boîtes noires flottent quand un avion tombe dans l’eau. Enfin, à plus long terme, les avions devraient aussi pouvoir transmettre des données en permanence durant le vol.

Par M. C. - FranceSoir.fr - publié le 3 mai 2011


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