Inondations : un an après le drame, le Var panse encore ses plaies

DRAGUIGNAN — Un an après les pluies torrentielles qui avaient fait 23 morts et deux disparus, en causant près d’un milliard d’euros de dégâts, la page n’est pas tournée dans le Var.
Le 15 juin 2010, après un début de journée pluvieux dans la région de Toulon-Hyères, des "averses paroxystiques", selon les experts de la mission d’enquête nationale, s’abattaient sur le centre du département, puis Draguignan et la basse vallée de l’Argens, gonflant rapidement les rivières et provoquant d’exceptionnelles inondations.
Outre les pertes humaines, le bilan matériel était considérable : villages dévastés comme Les Arcs-sur-Argens ou Taradeau ; prison de Draguignan détruite ; zones industrielles, campings, récoltes anéantis ; près de 10.000 véhicules hors d’usage.
Au total, de Draguignan à Fréjus, on recensait 31.560 sinistrés, dont 3.417 entreprises et 18.350 habitations et logements touchés.
Une semaine après, Nicolas Sarkozy décrétait l’état de catastrophe naturelle dans 22 communes et assurait que personne ne construirait plus dans une zone reconnue dangereuse.
"La volonté de sécurité des territoires du président sera tenue. Au cours du deuxième semestre 2011, seront mis en oeuvre par anticipation les plans de prévention des risques d’inondations, élaborés en concertation avec les élus", a déclaré à l’AFP le préfet Paul Mourier.
Ces plans visent à protéger populations et habitations, s’imposant aussi aux décisions municipales en matière d’urbanisme.
La sécurité a été revue dans 11 campings inondés, qui devront bâtir des "plateformes de survie" à l’horizon 2012, inspirées du toit sur lequel les occupants d’un camping envahi par les eaux avaient trouvé refuge il y a un an.
Pour l’été 2011, les réservations sont conformes aux prévisions et "il n’y a plus aucune trace de la catastrophe", assure Jean-Pierre Serra, conseiller général en charge du tourisme, principale ressource du Var.
L’économie des zones sinistrées serait rétablie à 97%, grâce aux aides aux entreprises, mais la reconstruction est loin d’être achevée, plusieurs communes portant encore les stigmates de la catastrophe, comme un trou béant sur la place principale des Arcs.
Quatre-vingt-dix millions d’euros de travaux d’urgence restent à réaliser sur la rivière Nartuby, dont une nouvelle crue, début juin, a réveillé de mauvais souvenirs.
Une nouvelle gouvernance des bassins hydrauliques est prévue, ainsi qu’un réaménagement foncier et forestier des 3.000 ha de la plaine de l’Argens, avec remembrement de l’espace agricole et installation de jeunes exploitants.
Côté assurances, tous les dossiers ne sont pas finalisés, notamment dans le monde agricole et chez les sapeurs-pompiers, qui ont perdu 87 véhicules.
L’Etat doit racheter une vingtaine de logements détruits ou endommagés. "Pas question de déterminer une zone noire" comme pour les inondations en Charente-Maritime et Vendée, a insisté le préfet.
Selon des victimes, aucune somme ne leur a encore été versée.
En toile de fond de ce premier anniversaire, trois plaintes mettent en cause les secours et une polémique entoure le mémorial aux victimes qui doit être inauguré mercredi à Draguignan.
L’Association des sinistrés du 15 juin, qui regroupe 250 familles, s’estime "mise à l’écart" et déplore l’absence de concertation entre collectivités : "Deux oliviers plantés à Rebouillon, une plaque dévoilée à Trans, un monument à Draguignan au milieu d’un giratoire où l’on ne pourra pas se recueillir, ni déposer des fleurs. On nous confisque tout, y compris notre douleur", s’indigne son président, Khémissi Makabrou.

De Christian DAURES (AFP) - publié le 11 juin 2011


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