Notation aérienne : la nouvelle liste blanche laisse songeur

Selon ATRA (Air Transport Rating Agency), une agence de notation suisse de transport aérien jusqu’alors inconnue, les dix meilleures compagnies aériennes en matière de sécurité globale sont (par ordre alphabétique) : Air France-KLM, AMR Corporation (American Airlines et American Eagles), British Airways, Continental Airlines, Delta Air Lines, Japan Airlines, Lufthansa, Southwest Airlines, United Airlines et US Airways.

ATRA ne les classe pas, considérant qu’elles sont très proches les unes des autres. L’agence justifie sa démarche par une analyse mathématique et statistique de quinze critères issus de sources comme l’OACI et les sites Internet Flight Global et Air Transport Intelligence (ATI). Les critères vont des résultats financiers au nombre de simulateurs de vol en passant par le carnet de commandes, le nombre d’avions "à risques", etc.

Sur son site Internet, ATRA, domiciliée (comme Iata) à Genève et qui ne manque pas de faire référence à la qualité suisse, publie en référence de bien piètres "analyses de crashes". Celui de l’Aeroperu 603, du Concorde Air France, du Flash Airlines 604 de Charm el-Cheikh, etc., sont des récits extraits de récits grand public qui n’ont aucune valeur scientifique ou d’analyse mathématique.

Certes, ATRA ne peut justifier de réelle antériorité puisque Air Transport Rating Agency Sarl n’apparaît au registre du commerce suisse qu’en date du 26 juillet dernier. ATRA vend aussi des analyses, des outils et des services aux transporteurs aériens… Le secteur de l’hôtellerie internationale connaît bien la dérive des officines qui vendent des avis sur les établissements.

Et la démarche d’ATRA laisse songeur. On ne voit pas apparaître dans son classement des compagnies comme Singapore Airlines, ANA, Iberia, Swiss, Ryanair, EasyJet, etc. L’analyse multicritère annoncée semble bien suggestive. Selon les experts en accidentologie, la seule véritable approche scientifique consiste à rapprocher le nombre des incidents enregistrés par une compagnie aérienne à celui des incidents graves, voire des accidents.

Mais ces données restent à ce jour confidentielles, connues, parfois, des autorités nationales de l’aviation civile. Toute autre "analyse" tant à solliciter avant tout l’émotivité du grand public vis-à-vis des accidents aériens, et ne repose bien souvent sur aucun critère sérieux.

Thierry Vigoureux

http://www.pros-du-tourisme.com publié le 30 août 2011


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