Rudetzki partie civile dans le dossier du 11 septembre

INFO LE FIGARO - L’ex-présidente de SOS-Attentats reprend son combat aux côtés des familles brisées par les attentats.

Françoise Rudetzki n’abandonnera jamais. Ex-fondatrice de SOS-Attentats, elle annonce au Figaro qu’elle se constitue dès aujourd’hui partie civile dans le dossier des victimes françaises du 11 septembre. Une initiative éminemment symbolique à la veille du dixième anniversaire de l’effondrement des tours à New York. Elle épaulera notamment la famille Saada, dont le fils Thierry a disparu dans l’attentat du World Trade Center en 2001. Et son action ne s’arrêtera pas là. « Nous allons nous constituer partie civile dans l’affaire des moines de Tibhirine, déclare-t-elle, mais aussi dans toutes les affaires récentes où apparaissent des victimes françaises, comme l’attentat du Caire ou, plus récemment, celui de Marrakech. »

Cette nouvelle offensive juridique est rendue possible grâce à l’engagement de la Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs (Fenvac), qui n’avait jamais œuvré jusqu’alors dans les procédures terroristes. Désormais, Françoise Rudetzki lui apportera son concours personnel pour les questions relevant du terrorisme. Car SOS-Attentats n’est plus. L’association avait été dissoute en 2008. Un choix douloureux auquel Mme Rudetzki avait dû se résoudre après 25 années de dévouement à la cause des victimes et de leurs familles, dont elle connaît mieux que quiconque les souffrances, elle qui fut grièvement blessée aux jambes lors d’un attentat attribué à Action Directe, à Paris, en 1983, au restaurant le Grand Véfour. Elle était venue y célébrer son dixième anniversaire de mariage.

Contre l’indifférence et l’oubli
Pour que jamais de tels drames ne sombrent dans l’indifférence et l’oubli, Mme Rudetski a donc fondé en 1985 SOS-Attentats avec une cinquantaine d’autres victimes, touchées, elles, par les attentats de la rue Marbeuf ou de la rue des Rosiers en 1982, d’Orly en 1983, des Galeries Lafayette à Paris en 1985, avant que ne surviennent ceux de la rue de Rennes en 1986, de Gilbert-Jeune et de la galerie du Claridge, sur les Champs-Elysées, en 1986.

Mme Rudetzki parviendra à fédérer plus de 3000 victimes françaises des poseurs de bombes. C’est grâce à son obstination que sera créé un fonds de garantie pour les victimes et que celles-ci se verront reconnaître en 1990 le statut de victimes civiles de guerre ouvrant droit aux soins gratuits. À la fin de l’aventure SOS-Attentats, il y a trois ans, le juge Bruguière salua ainsi son action : « Cette femme est tout simplement extraordinaire ! »

« Ces trois dernières années, je n’avais pas totalement arrêté, confie-t-elle au Figaro. J’étais toujours administratrice du fonds d’aide aux victimes et je portais assistance, au cas par cas, à ceux qui me le demandaient. » Mme Rudetzki l’avoue pourtant : « J’avais un goût d’inachevé en quittant SOS-Attentats. Il fallait que l’association transmette son savoir-faire, surtout si demain la France est confrontée à un attentat majeur. » « Le besoin se faisait surtout sentir, dit-elle, du côté des familles meurtries par les attaques récentes. Il ne fallait pas laisser les victimes en déshérence. »

Une structure pérenne
Bien sûr, d’autres organismes ont vocation à les aider, comme l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) de Guillaume Denoix de Saint Marc, qui organisera, du 15 ou 17 septembre, un congrès international pour sensibiliser l’opinion. Mais Françoise Rudezki est restée cette figure tutélaire à l’expérience irremplaçable. Elle avait émis un vœu en mettant fin à SOS-Attentats : « Que Nicolas Sarkozy crée une structure pérenne, pour que les victimes d’attentats n’aient plus à mendier une juste réparation. » Un combat qu’elle relance à sa façon, sans trop se faire d’illusion sur la capacité de mobilisation des pouvoirs publics : « Ils savent gérer l’urgence, reconnaît-elle, mais pour suivre les victimes sur 20 ou 30 ans… »

La dame de fer prévient également : elle ne mettra les pieds dans le dossier de Karachi qui concerne pourtant des victimes françaises, tuées au Pakistan. « Nous ne nous constituerons pas partie civile dans cette affaire qui sent le règlement de comptes politique et que d’ailleurs je ne comprends pas », lâche-t-elle, sans se dérober. Françoise Rudetski refuse, dit-elle, toute « instrumentalisation ».

Le Figaro - publié le 5 septembre 2011


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