L’amertume des survivants de l’incendie du boulevard Auriol

Le procès de l’incendie criminel d’un immeuble vétuste qui avait fait 17 morts dont 14 enfants, en 2005, boulevard Vincent-Auriol à Paris, s’est ouvert hier. L’auteur des faits n’a jamais été identifié.

La salle d’audience est plus vaste, mieux sonorisée qu’au mois de mars dernier et 3 psychologues spécialistes en accidentologie ont pris place dans les rangs du public, à disposition des proches des victimes. Mais hier, dans le box des prévenus de la 14e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, toujours aucun suspect. Personne pour répondre du terrible incendie criminel du boulevard Vincent-Auriol, dans le XIIIe arrondissement de Paris, qui avait causé la mort de 17 personnes d’origine africaine, parmi lesquelles 14 enfants, dans la nuit du 25 août 2005.

En mars, scandalisées par le traitement que leur avait réservé la justice, les familles de « Vincent-Auriol » avaient obtenu le report du procès : cette fois, au lieu des deux après-midi initialement prévus pour évoquer cette douloureuse affaire, six demi-journées lui seront consacrées. La présidente dispose désormais d’un micro en état de marche, mais l’amertume est néanmoins peinte sur chaque visage. L’amertume, et aussi le sentiment persistant d’avoir été trop longtemps oubliés. Avant le drame, d’abord, dans un immeuble qui présentait tous les symptômes de l’insalubrité. Après le 25 août 2005, ensuite, puisque personne n’est parvenu à identifier celui ou ceux qui ont mis le feu aux poussettes entreposées dans le hall.
Me Jean-Marc Florand, l’avocat de quelques-unes des parties civiles, donne d’emblée le ton : « J’ai la douloureuse impression que ce dossier n’intéressait personne. Cet immeuble, où vivaient des personnes en situation régulière qui payaient leur loyer, était dans un état tel que, si on y avait élevé des chiots, la SPA se serait vraisemblablement portée partie civile et aurait obtenu condamnation ! Pourtant, des humains y vivaient. » L’instruction a permis d’établir qu’une main criminelle avait causé le désastre mais, faute de l’avoir identifiée, ce sont deux personnes morales, Freha (France Euro Habitat), membre d’Emmaüs et gestionnaire de l’immeuble, et Paris Banlieue Construction, qui y avait effectué des travaux, qui ont pris place sur le banc des prévenus pour homicides et blessures involontaires.

Cette terrible nuit de l’été 2005, l’incendie s’était propagé du hall aux 6 étages. En cause, des revêtements en contreplaqué qui avaient été posés sur les murs des parties communes. Un isolant de fortune contre le plomb. Mais ce sont ces plaques, en s’embrasant, qui ont fait monter la température jusqu’à 600o dans la cage d’escalier. Aux 3e et 5e étages, les appartements des familles Cissé et Diarra ont été touchés de plein fouet : terrorisés, les occupants ont ouvert la porte de leur logement, signant ainsi leur perte. Les flammes, déchaînées, ravagent tout sur leur passage et tuent femmes et enfants. Aujourd’hui, familles, proches et survivants espèrent que justice sera rendue. L’audience se poursuit aujourd’hui et les deux prochaines semaines pour s’achever le 30 septembre.

LeParisien.fr - Publié le 16 septembre 2011


Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes