Procès de la passerelle effondrée du Queen Mary 2 : "Tout était sous-traité"

"Depuis 1996, tout était sous-traité" : Christophe Pierrard, jugé au côté d’un autre salarié des Chantiers de l’Atlantique pour la 3e fois pour le drame de la passerelle du Queen Mary 2, qui avait fait 16 morts en 2003, s’est défendu d’avoir commis une faute.

Le 15 novembre 2003, l’effondrement de la passerelle, qui reliait au quai le paquebot géant en cale sèche aux Chantiers à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), avait provoqué la chute de 45 visiteurs et employés d’une hauteur de 18 mètres. Seize sont morts, 29 autres ont été blessés.

Plusieurs expertises ont pointé des erreurs de conception de la passerelle, auxquelles se sont ajoutées des fautes au moment de son montage.

Interrogé par la cour d’appel de Versailles sur les conditions de commande de cette passerelle auprès du sous-traitant Endel, M. Pierrard, ancien responsable de la logistique des Chantiers, a déclaré que "cela ne faisait pas partie de (ses) attributions de vérifier les calculs en échafaudages. Depuis 1996, tout était sous-traité".

"On travaillait habituellement avec Endel, qui est une entreprise reconnue dans ce domaine", a-t-il ajouté, se défendant d’avoir commis une faute.

L’autre prévenu, Etienne Lamock, coordinateur d’ouvrage, devait être entendu par la cour en fin de journée.

Pour le président de l’association des victimes du Queen Mary 2, Yves Violette, ce procès est celui "de la délégation de responsabilité mais également de la sous-traitance".

"Le recours à la sous-traitance, est-ce l’abandon de toute responsabilité par le donneur d’ordre ?", a-t-il interrogé.

Le président de la cour d’appel, Olivier Larmanjat, a relevé au moment de son rapport que l’organisation du travail au sein des Chantiers de l’Atlantique avait évolué dans les années 1990 avec un recours croissant à la sous-traitance. Les Chantiers se sont alors "mués en bureau d’étude" avec une "augmentation de la proportion des ingénieurs", a-t-il dit.

Un parent de victimes, Patrick Erieau, a dénoncé en marge de l’audience le "déni" des deux salariés des Chantiers. "Ce sont deux cadres qui ont commis une faute aux conséquences épouvantables. Les familles sont décomposées", a-t-il poursuivi.

La Cour de cassation avait estimé en 2010 que la cour d’appel de Rennes n’avait "pas suffisamment caractérisé les fautes imputables" à Christophe Pierrard, ni "précisé leur lien de causalité avec le dommage". Concernant Etienne Lamock, elle estimait également que les magistrats rennais n’avaient pas suffisamment "justifié" leur condamnation.

En première instance, en février 2008, les deux salariés des Chantiers de l’Atlantique avaient été relaxés, comme les six autres personnes physiques poursuivies dans l’affaire. Seules avaient été condamnées, en tant que personne morale, les Chantiers et leur sous-traitant Endel. Avait été prononcée contre chacun une amende de 177.500 euros.

En appel, l’amende avait été portée à 225.000 euros. En outre, la cour d’appel avait condamné quatre particuliers : deux salariés des Chantiers et deux employés de Endel, l’un responsable d’agence et l’autre dessinateur de la passerelle. Ces deux derniers, qui avaient également écopé de peines de 24 et 18 mois avec sursis, ne s’étaient pas pourvus en cassation.

LePoint.fr AFP 3 oct. 2011


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