Attentats - Carlos de retour aux assises

Ilich Ramírez Sánchez, alias Carlos, comparaît à partir de lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris, première juridiction à le juger pour des actes de terrorisme : quatre attentats commis en France en 1982 et 1983, ayant fait onze morts et une centaine de blessés. Ce n’est pas le moindre des paradoxes pour ce symbole du terrorisme des années 70-80, en prison depuis 1994 : ne jamais avoir été jugé pour des "faits en relation avec une entreprise terroriste". Condamné à la réclusion à perpétuité en 1997 pour le meurtre de deux policiers et d’un indicateur à Paris en 1975, Carlos avait alors comparu devant une cour d’assises ordinaire composée de jurés populaires. À partir de lundi et jusqu’au 16 décembre, Ilich Ramirez Sanchez, 62 ans, qui aujourd’hui ne reconnaît aucun attentat, aura face à lui une cour d’assises spécialisée dans le jugement d’actes de terrorisme et composée de sept magistrats professionnels.

Une première qui n’en appellera pas beaucoup d’autres : en France, une seule procédure reste ouverte le concernant pour l’attentat du Drugstore Saint-Germain à Paris (2 morts et 34 blessés, le 15 septembre 1974). Carlos avait bénéficié d’un non-lieu, annulé en 2000 par la Cour de cassation. Et il a peu de chances d’être jugé à l’étranger, estime Me Francis Vuillemin, l’un de ses deux avocats. Le Vénézuélien va devoir répondre de complicité dans quatre attentats qui ont fait onze morts et plus d’une centaine de blessés en 1982 et 1983. Selon l’accusation, le mobile de cette campagne orchestrée par Carlos était d’obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe. Kopp et Bréguet avaient été arrêtés à Paris en février 1982 avec des armes et des explosifs. Quelques jours plus tard, un courrier au ministre de l’Intérieur réclamait leur libération "dans un délai de trente jours", ultimatum assorti de "menaces de guerre" contre la France. Les empreintes digitales de Carlos étaient identifiées sur le document.

Grève de la faim

Un mois plus tard, le 29 mars 1982, une bombe explosait dans un train Paris-Toulouse faisant cinq morts. Le jour où débute le procès de Kopp et de Bréguet, le 22 avril, l’explosion d’une voiture piégée devant le siège du magazine Al-Watan Al-Arabi, rue Marbeuf à Paris, tuait une personne. Les deux autres attentats commis le 31 décembre 1983 à la gare Saint-Charles de Marseille (2 morts) et contre un TGV Marseille-Paris à Tain-L’Hermitage (3 morts) sont intervenus alors que les deux "camarades" purgeaient leur condamnation à quatre et cinq ans de prison. Face à ce scénario établi par le juge d’instruction Jean-Louis Bruguière, la défense peaufine sa réplique : original de la lettre de revendication introuvable, nombreuses pistes négligées et absence de crédibilité des archives des services de renseignements des États du pacte de Varsovie, dont l’ouverture, après 1989, a permis de relancer une instruction en bout de course.

Les avocats de Carlos ont depuis peu un grief supplémentaire : l’atteinte "inacceptable" aux droits de la défense constituée par le placement à l’isolement de leur client durant dix jours avant son procès pour avoir accordé une interview. Pour protester, le détenu a observé une grève de la faim. "Il est affaibli, on l’a déstabilisé et détourné de la préparation de son dossier", dénonce Me Vuillemin. Affaibli ? La cour sera à même de le vérifier lorsque Carlos entrera dans le box où il comparaîtra seul, alors que trois membres de son organisation seront jugés en leur absence pour tout ou partie des faits. Deux d’entre eux, les Allemands Johannes Weinrich et Christa Frohlich ne seront sûrement pas remis par leur pays à la justice française. Weinrich, ancien bras droit de Carlos, purge outre-Rhin une peine de réclusion à perpétuité. Frohlich, libérée de détention provisoire en 2000, a regagné l’Allemagne. Le troisième, le Palestinien Ali Kamal Al Issawi, est en fuite.

Source AFP, Le Point.fr, le 04/11/2011


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