Procès AZF : 3 mois de bataille d’experts.

Le procès de l’explosion de l’usine AZF va clore, avec l’audition la semaine prochaine de l’ex-PDG du groupe Total, trois mois d’audiences sans grande révélation, dominées par les batailles d’experts autour de la piste expliquant la catastrophe par un accident chimique.

La maison-mère Total et son ex-président Thierry Desmarest rejoindront mercredi au banc des prévenus le directeur de l’usine Serge Biechlin et son propriétaire Grande Paroisse (groupe Total) poursuivis notamment pour homicides involontaires après l’explosion qui a fait 31 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001.

Les plaidoiries des représentants des 3.000 parties civiles, le réquisitoire, puis les plaidoiries de la défense s’étaleront sur la deuxième moitié de juin.

"Nous n’avons aujourd’hui d’explication crédible dans aucun domaine", a récemment déclaré M. Desmarest devant l’assemblée générale des actionnaires de Total.

Le chef de file des avocats de Grande Paroisse Me Daniel Soulez-Larivière donne la traduction juridique de cette stratégie en lançant régulièrement : "il n’y a aucune preuve de rien du tout (...), c’est la relaxe qui s’impose".

Les experts judiciaires soutiennent la thèse d’un transport malencontreux de quelques kilos de "balayures" d’un produit chloré pour piscines (le DCCNa), ramassées au hangar 335 dans une benne de 500 kilos de nitrate d’ammonium industriel déversée un quart d’heure avant l’explosion sur onze tonnes de nitrate d’ammonium agricole, dans le sas d’entrée du hangar 221.

Sa détonation se serait propagée au tas principal de 300 tonnes.

Toutes les autres pistes ont été écartées, notamment l’acte volontaire : la police a disculpé les suspects possibles, les experts ont nié sa faisabilité, la défense a renoncé à mettre en avant cette hypothèse.

Après une première théorie abandonnée sur l’apport de 500 kilos de DCCNa, les experts ont reproduit en avril 2005 une explosion dans les conditions supposées de 2001, à l’échelle de 100 kilos de produits.

La litanie des rapports d’experts a eu pour écho les contre-leçons de chimie des sommités citées par la défense, le tout ponctué de coups de colère, de la défense dénonçant les "variations opportunistes des experts en difficulté" et du procureur Patrice Michel "révolté" par l’ampleur des moyens des prévenus.

La polémique a rebondi vendredi lorsqu’un scientifique belge, Michel Lefèbvre, a présenté une vingtaine de tirs contredisant ceux des experts, effectués en Slovaquie en juillet et novembre 2008 pour Grande Paroisse.

"Ces essais ont été dissimulés jusqu’ici, c’est inadmissible", ont lancé des avocats de parties civiles.

"On pouvait communiquer les résultats il y a des mois, il n’y a ni loyauté ni transparence", a renchéri le procureur, rapprochant cette révélation de l’attitude de Grande Paroisse qui avait "caché un autre rapport" confié au CNRS de Poitiers, car ses résultats lui étaient défavorables selon l’accusation.

Les accusations de "déloyauté" se sont souvent croisées. Un membre de la commission d’enquête interne (CEI) de Grande Paroisse a qualifié de "manipulation" l’apparition le 2 octobre 2001 dans le hangar 335 d’un sac de DCCNa vide, non repéré jusque là, constituant la principale pièce à conviction de l’accusation.

Parties civiles et accusation rétorquent que ce débat aurait été tranché si on avait pu analyser rapidement la benne suspecte après l’explosion, ce qui a été rendu impossible par "les réticences" de la CEI à informer la police.

Lepoint.fr


Crédit photos : Plus d’infos ... Suivre le procès sur le blog de la Dépêche du Midi Les 1O points clés de l’affaire AZF par Me Bisseuil Association des familles endeuillées AZF Toulouse

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