St Jean d’Angely : l’enquête sera longue

Dès l’explosion survenue mardi matin à 7 h 10 rue des Lilas à Saint-Jean-d’Angély, qui a fait trois morts et causé des dégâts considérables dans tout un quartier de la ville, la Gendarmerie nationale a ouvert une enquête. Trois gendarmes appartenant au Service d’identification criminelle de La Rochelle ont procédé, l’après-midi même, aux premiers relevés sur le site de la déflagration en compagnie de l’expert en sinistres, Xavier Gargasi du Bouscat (Gironde) désigné par Thierry May, vice-procureur de la République à Saintes.

En parallèle à cette enquête menée sous la direction de l’adjudant Philippe Tallerie et de la chef Nadège Fontagne, appartenant tous deux à la brigade territoriale de gendarmerie de Saint-Jean-d’Angély, le magistrat saintais a ordonné l’autopsie des corps des deux premières victimes, René Cavier, 88 ans, et Jeanine Massonneau, 77 ans.

De violents traumatismes

Ces autopsies ont été pratiquées mercredi matin à Poitiers. Elles révèlent de violents traumatismes faciaux et thoraciques subis par les deux victimes tuées, dans l’explosion, par la projection de murs ou d’éléments matériels. Les brûlures retrouvées sur le corps de René Cavier seraient, elles, « post-mortem » ; le retraité avait donc cessé de vivre au moment de l’incendie provoqué par l’explosion.

Enfin, même s’il n’a pas encore reçu le rapport d’analyses détaillé de ces autopsies, Thierry May indique qu’aucune trace d’inhalation de gaz n’a été retrouvée dans les poumons de René Cavier. Ce dernier point rend donc l’hypothèse d’un suicide au gaz « très secondaire » aux yeux du vice-procureur qui écarte, aussi, celle d’un attentat.

Réaffirmant qu’une explosion de gaz est « quasi certaine », le magistrat ignore encore, à ce jour, de quelle nature est l’étincelle qui l’a provoquée.

Un chauffage électrique

Les premières observations de l’expert et des gendarmes indiquent, par ailleurs, que le pavillon de M. et Mme Cavier, totalement soufflé dans l’explosion, était doté d’un chauffage électrique. Une conduite de gaz de ville alimentait la seule cuisine du logement, au niveau d’un mur séparant le garage de cette cuisine. Enfin, les premières recherches d’une bouteille ou d’une bonbonne de gaz dans les gravats de la maison détruite n’ont rien donné.

Les enquêteurs ont demandé à GrDF (Gaz réseau Distribution de France) un certain nombre d’éléments techniques sur le réseau de gaz desservant le quartier sinistré et sur l’entretien de ce réseau. Hervé Pineau, le directeur territorial de GrDF, avait indiqué, dès mardi matin, que les compteurs de gaz avaient été changés rue des Lilas en août dernier.

À la demande des enquêteurs, GrDF a creusé deux trous découvrant les canalisations de gaz au droit de la maison des époux Cavier. Les moyens techniques de l’entreprise sous-traitante, Dufour-Frères de Périgny, ont permis à GrDF d’effectuer d’autres creusements afin d’isoler le réseau de la rue des Lilas des autres artères du quartier. Rue des Rosiers, une demi-douzaine de familles ont pu regagner leur foyer hier soir, gaz et électricité ayant été rétablis après les visites de sécurité effectuées dans chaque logement par des techniciens spécialisés.

Xavier Gargasi, l’expert judiciaire, reviendra sur les lieux vendredi après-midi. Un tractopelle sera dépêché sur le site de l’explosion pour creuser, probablement, une tranchée dans la rue des Lilas.

L’enquête ne fait que commencer. « Elle sera longue », assure Thierry May.

Une troisième victime
Le bilan de l’explosion de gaz survenue mardi matin à Saint-Jean-d’Angély s’est alourdi avec le décès d’Andrée Cavier, 89 ans. La vieille dame était l’épouse de René Cavier, 88 ans, retrouvé lui-même mort dans les décombres de son pavillon soufflé par l’explosion. Mme Cavier, grièvement blessée, avait été transportée au centre hospitalier de Saint-Jean-d’Angély où elle est décédée hier matin. Jeanne Massonnier, 77 ans, est la troisième victime. Elle était la voisine du couple Cavier et habitait au numéro 8 de la rue des Lilas.

René et Andrée Cavier étaient les parents de Maud Pourquier, une conseillère municipale de Cognac (Charente). Celle-ci a « tout perdu » dans le drame. De sa famille, de son enfance, de sa vie de fille unique largement choyée par « deux parents heureux », il ne demeure « plus rien ». « Plus de photos, plus de souvenirs, plus de voiture… » Pas même les papiers d’assurance de son père décédé.

Dominique Paries Sud-Ouest.fr - Publié le 24 février 2011


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