La secrétaire d’État aux victimes a rencontré les associations de victimes de la catastrophe d’AZF, jeudi 19 janvier 2017 à Toulouse. Le procès se tiendra toujours à Paris.
Quinze ans plus tard, les victimes de la catastrophe d’AZF se sentent toujours aussi mises de côté. Le troisième procès AZF débutera mardi 24 janvier 2017 à la Cour d’appel de Paris. L’explosion de l’usine, le 21 septembre 2001 à Toulouse, avait tué 31 personnes et blessé 2 200 autres.
Juliette Méadel, la secrétaire d’État chargée de l’Aide aux victimes, était en déplacement à Toulouse, jeudi 19 janvier 2017. Elle a notamment rencontré les associations de victimes de la catastrophe, qui regrettent que ce troisième volet ne se tienne pas dans la Ville rose. La rencontre était fermée à la presse, mais la secrétaire d’État a dit vouloir faire un point avec les associations, « pour savoir où elles en sont et comment ça se passe pour elles, en terme de suivi et de santé », pour voir de quelle façon elle peut les aider.
Les victimes toulousaines amères
Selon l’association d’aide aux victimes, cette tenue du procès à Paris prive « quasiment toutes les victimes toulousaines d’y assister ». Elle rappelle également que le principe du contradictoire implique que chacune des parties puisse assister à l’audience.
Elle a donc prévu d’organiser deux manifestations, mardi 24 janvier à midi. La première se tiendra devant les grilles du Palais de justice de Paris et la deuxième à Toulouse, devant la salle Pierre-Baudis, où se tiendra la retransmission du procès.
« Je comprends les victimes d’AZF qui trouvent que c’est long, puisque c’était en 2001, et que c’est loin, parce que c’est à Paris », a reconnu la secrétaire d’État, avant d’enchaîner :
« Mais la Cour de cassation a décidé que ça se tiendrait à Paris, et pour des raisons qui lui appartiennent. Mais je pense que c’est pour que la justice puisse se tenir de la façon la plus sereine possible avec des magistrats spécialisés ».
Pour les victimes souhaitant suivre le procès en direct, Juliette Méadel a ajouté que les frais de déplacement et d’hébergement seront entièrement remboursés, une fois à Paris.
Elle a également insisté sur le fait qu’une salle de retransmission est ouverte à Toulouse, afin de suivre le procès depuis la Ville rose. « Nous avons tout fait pour que les victimes aient accès à la vérité, car elles doivent avoir la vérité », souffle-t-elle.
85 000 sinistrés
Concernant les indemnités versées aux victimes de la catastrophe, les chiffres restent flous. La secrétaire d’État auprès du Premier ministre parle de « plusieurs milliers d’euros », quand Total aurait déclaré 1,5 milliard en 2003 (soit 651,50 euros par victime, en moyenne). Mais c’est l’issue du procès qui déterminera le chiffre final, précise la secrétaire d’État.
À titre de rappel, en plus des personnes blessées et décédées, cette catastrophe avait détruit 30 000 foyers et entraîné 800 hospitalisations. En tout, 85 000 sinistrés avaient été déclarés.
Une indemnisation « intégrale »
Et concernant les « victimes de syndromes post-traumatiques » ? C’est une situation prise « très au sérieux », précise Juliette Méadel, qui parle de « victimes blessées psychologiquement ». Elle précise d’ailleurs que ces personnes peuvent être indemnisées. Les victimes souffrant de problèmes physiques (surdité, etc.) peuvent, sur présentation d’un certificat médical, bénéficier d’une prise en charge.
Ce cas peut être retrouvé dans n’importe quelle situation (accident de la route, attentat, etc.) et concerne les personnes témoins de l’accident ou de la catastrophe. Pas forcément blessées physiquement, elles gardent cependant des séquelles morales. Les symptômes peuvent se déclarer des mois, voire des années plus tard, et se traduire par la perte de sommeil, la perte d’appétit, l’arrivée intempestive de cauchemars, etc.
Source : Actu Côté Toulouse
Auteur : Alice Patalacci
Date : 20 janvier 2017