Les attentats tunisiens de Sousse et du Bardo sont liés. C’est ce qu’affirme Richard Walton, chef de la cellule anti-terrrorisme de Scotland Yard, la police londonienne, qui assiste les autorités tunisiennes depuis l’attentat de Port El Kantaoui, près de Sousse en juin dernier où 30 Britanniques ont été tués.
« L’attaque contre le musée du Bardo qui avait fait 22 morts, dont une Britannique, est liée à celle à Sousse », qui a causé au total la mort de 38 touristes a déclaré Richard Walton. « Nous collaborons étroitement avec les autorités tunisiennes sur les deux enquêtes et que nous avons informé le parquet du lien qui existe entre les deux », a-t-il ajouté.
22 morts au musée du Bardo
Le 18 mars dernier, lors de l’attaque du musée du Bardo, à Tunis, deux assaillants tirent à l’arme automatique sur des touristes à la descente d’un bus. Vingt-et-un étrangers et un policier tunisien sont tués. L’attaque a été revendiquée par l’Etat islamique. Mais les autorités tunisiennes tuent le 29 mars dernier neuf membres de la principale brigade djihadiste implantée dans le pays, Okba Ibn Nafaa lié à Al-Qaïda au Maghreb (Aqmi). L’émir du groupe armé, Abou Sakr, présenté comme le cerveau de l’attentat du Bardo est tué dans l’assaut.
En mai dernier, un Marocain est arrêté, soupçonné d’avoir participé « de manière indirecte » à l’attentat. Un autre jeune Marocain, Abdelmajid Touil, 22 ans est lui arrêté près de Milan. Il aurait apporté « un soutien logistique » aux deux assaillants, d’origine tunisienne, formés en Libye selon les autorités du pays.
38 morts à Sousse
Quelques semaines plus tard le 26 juin, nouveau drame. Seifeddine Rezgui cache une kalachnikov dans un parasol avant de tirer sur les touristes sur une plage d’un hôtel près de Sousse. 38 personnes sont tuées. L’assaillant, un Tunisien de 23 ans, avait été animateur dans le secteur touristique. A nouveau, l’attentat est revendiqué par l’Etat islamique. « Certains témoins ont évoqué un deuxième tireur, portant un short rouge. Nous pensons à ce stade de l’enquête qu’il s’agit d’un membre de la sécurité de la plage qui essayait d’arrêter l’assaillant », a ajouté Scotland Yard.
Afin de déterminer les circonstances de l’attaque de Sousse, 600 agents britanniques se joignent aux autorités tunisiennes. L’enquête anti-terroriste est la plus importante en Grande-Bretagne depuis les attentats de Londres en 2005. Depuis l’attaque du 26 juin, qui a fait fuir des milliers de touristes britanniques, environ 150 personnes ont été arrêtées en Tunisie dont 15 ont été inculpées pour acte de terrorisme, selon Scotland Yard. Les policiers britanniques ont recueilli 459 témoignages et ont en leur possession plus de 370 fichiers photo et vidéo provenant de téléphones et de tablettes portables.
Un millier d’arrestations depuis mars dernier
Au total, un millier de personnes ont été arrêtées depuis mars dernier, selon le premier ministre tunisien Habib Essid, et 15.000 autres interdites de sortie du territoire. Les autorités tunisiennes, qui ont prolongé de deux mois fin juillet l’état d’urgence proclamé en raison de la persistance de menaces d’attentats, ont indiqué que les auteurs des deux attentats s’étaient entraînés en Libye à la même période et qu’ils s’étaient peut-être fréquentés dans le même camp d’entraînement.
La Tunisie multiplie depuis les mesures anti-terroristes. La semaine dernière encore, le Parlement a voté à la quasi-unanimité une loi prévoyant la peine de mort pour les personnes jugées coupables de terrorisme. De son côté Londres, jugeant une nouvelle attaque terroriste « hautement probable », avait conseillé à ses ressortissants début juillet de quitter le territoire tunisien sans délai.