Un rescapé de l’attentat du Bataclan sort du "silence" qui l’emprisonnait avec un album musical

Il y a huit ans, le 13 novembre, le jeune homme, 24 ans alors, qui joue de la basse dans des groupes depuis ses 14 ans, est venu au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan avec un ami guitariste. "Joffrey" réussit à trouver une issue de secours dès les premières détonations (90 personnes ont été tuées).

"C’était dans mes tripes" : derrière l’album "Back to life" ("Retour à la vie") du groupe Republic of the Void, un rescapé de l’attaque terroriste du Bataclan en 2015 sort du "silence" qui l’emprisonnait.

Il y a huit ans, le 13 novembre, le jeune homme, 24 ans alors, qui joue de la basse dans des groupes depuis ses 14 ans, est venu au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan avec un ami guitariste.

Joffrey - prénom d’emprunt qu’il donne après avoir livré sa vraie identité et la preuve qu’il fut partie civile au procès des attentats - réussit à trouver une issue de secours dès les premières détonations (90 personnes ont été tuées).

"Je n’ai pas été touché physiquement mais psychologiquement, sauf que je ne l’admettais pas", explique-t-il à l’AFP. Il reprend le cours de sa vie, allant "de ville en ville pour le boulot". Le groupe de rock ne fait plus partie du paysage, il joue de la basse seul, puis plus tout. "Le silence dure près de quatre ans".

Ce silence, ce n’est pas seulement la pratique musicale qui s’estompe. Il s’enfonce dans le "déni" autour du Bataclan, alors qu’aujourd’hui, à 32 ans, il réalise qu’il était "toujours absent pendant les repas de famille, avec quelque chose dans le bide, toujours un non-dit".

Le déclic survient avec la médiatisation du procès d’une fausse victime des attentats du Bataclan début 2019. "J’en ai parlé chez ma psy, il fallait que je sorte tout ce que j’avais à dire". "Je me remets à la musique, avec un rap, mais c’est mauvais, et puis, pendant le confinement, j’ai rebranché la basse et la guitare".

Disponible vendredi sur les plateformes, voici donc "Back to life", signé Republic of the Void - Joffrey et d’autres musiciens - avec dix morceaux à dominante rock, aux textes majoritairement en français, à fleur de peau. Parmi les exceptions anglophones, "And freedom... will win !". "Cette chanson correspond à mon témoignage au procès des attentats, je l’ai traduit en anglais, c’est enregistré par un acteur et j’ai ajouté +Et la liberté... vaincra !+ pour le titre".

Mis à part ce morceau funky, deux ballades et un boogie-électro, le disque est branché sur de grosses guitares. "Hurler sur du rock ça se fait, même si les voisins me prennent pour un fou (rires)".

Joffrey apparaît masqué sur ses visuels. "C’est bien que la musique soit mise en avant, et puis ça fait des années que je vogue entre paranoïa et lucidité. Je suis jeune papa, je préfère me protéger, on a tué des gens pour moins que ça".

Cet article est rédigé par par la Provence avec AFP.

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