Les dirigeants de plus de 50 États devaient se réunir lundi à La Haye pour un sommet sur le terrorisme nucléaire éclipsé par la crise ukrainienne et une réunion du G7 qui pourrait exclure la Russie du club fermé des nations les plus riches. Le G7 se réunit lundi soir en marge du sommet nucléaire pour discuter des mesures à prendre contre la Russie, critiquée pour son absorption de la Crimée alors que certains craignent que Vladimir Poutine ne jette son dévolu sur d’autres parties du territoire ukrainien.
Le Premier ministre David Cameron avait soutenu mercredi que Canada, France, Allemagne, Italie, Japon, Royaume-Uni et États-Unis, qui se réuniront sans la Russie, actuelle présidente du G8, devaient discuter de l’exclusion définitive de Moscou. La Russie avait été admise dans le G8 en 1998 en récompense de son choix en faveur de la démocratie dans la Russie postsoviétique. La chancelière allemande Angela Merkel avait pour sa part assuré jeudi, au sujet du sommet du G8 prévu en juin à Sotchi, que "tant que les conditions politiques ne sont pas réunies (...), il n’y a plus de G8, ni de sommet, ni ce format en tant que tel". Les préparations de ce sommet ont d’ailleurs été interrompues.
Craintes d’une invasion russe
Kiev a exprimé dimanche sa peur d’une invasion russe imminente de l’est de l’Ukraine, coeur industriel du pays, alors qu’une nouvelle base militaire ukrainienne en Crimée est tombée samedi aux mains des Russes. La prise de cette base par des soldats d’élite russes, appuyés par des véhicules blindés, a été la plus spectaculaire démonstration de force depuis l’arrivée des troupes russes en Crimée il y a trois semaines et le rattachement de cette péninsule à la Russie mardi dernier après un référendum. Le gouvernement intérimaire ukrainien craint que Vladimir Poutine et ses appétits territoriaux ne se sentent à l’abri de représailles sérieuses après que l’Union européenne et les États-Unis n’aient pris que des sanctions limitées contre Moscou.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’État américain John Kerry devaient se rencontrer lundi en marge du sommet sur le nucléaire, et leurs échanges pourraient bien être les plus virulents depuis le début de la crise ukrainienne. Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a de son côté annoncé dimanche qu’il ne se rendrait pas à La Haye lundi et mardi, car il souhaite conclure des pourparlers avec une mission du Fonds monétaire international sur un programme d’aide à l’Ukraine.
Des bombes "sales"
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a assuré dimanche que la tenue du G7 ne perturberait pas le sommet de deux jours, troisième d’une série de sommets sur la sécurité nucléaire organisés à l’initiative de Barack Obama. Les dirigeants de plus de 50 pays y discuteront notamment de la manière d’éviter que des groupes terroristes ne mettent la main sur des matériaux nucléaires pour fabriquer des bombes dites "sales", qui combinent explosifs traditionnels et matériaux nucléaires.
Les Pays-Bas, les États-Unis et la Corée du Sud, hôte du sommet précédent sur la sécurité nucléaire, ont pris l’initiative d’établir ensemble des lignes de conduite fondées sur celles suivies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Ils devraient proposer aux pays participants d’accepter ces lignes de conduite, mais celles-ci ne devraient toutefois pas figurer dans le communiqué final du sommet. L’éventuelle adoption de ces lignes de conduite devrait plutôt se faire sur la base d’initiatives individuelles de la part des États présents.
La sécurité nucléaire est au centre de l’héritage politique que Barack Obama souhaite laisser : il avait assuré en 2009 que le terrorisme nucléaire était "la menace la plus immédiate et extrême (pesant) sur la sécurité mondiale". Le lauréat du prix Nobel de la paix avait alors entrepris de sécuriser les matériaux nucléaires vulnérables dans les quatre ans et les premiers NSS avaient été organisés en 2010 à Washington et en 2012 à Séoul. Un sommet final doit avoir lieu en 2016.
Reuters, 24.03.2014, lepoint.fr