Des centaines de sinistrés du littoral de Vendée et de Charente-Maritime touchés fin février par la tempête Xynthia sauront jeudi si leur maison pourra être reconstruite ou sera détruite, en fonction de la cartographie des zones inondables et inhabitables préparée par les autorités.
« Ils seront un peu plus d’un millier qui ne pourront plus habiter dans leur maison », a indiqué mardi le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo sans préciser s’il parlait du nombre de résidents ou d’habitations concernées.
« Ce sera douloureux pour eux, ce seront des sujets d’incompréhension » mais « l’Etat s’engagera à ce qu’il y ait des acquisitions amiables » pour dédommager les propriétaires, a-t-il dit en réponse à une question à l’Assemblée nationale.
Dès mercredi, les préfets de Vendée et de Charente-Maritime ont prévu de rencontrer à huis clos les maires ou les conseils municipaux des communes concernées.
Une conférence de presse est prévue mercredi après-midi à la préfecture de Vendée à La-Roche-sur-Yon, mais le détail des cartes des habitations rasées contre indemnisation ne devrait être publié que jeudi, selon les informations obtenues auprès des préfectures.
Fin mars, le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot avait déjà prévenu qu’il était « hors de question de reconstruire la cuvette mortifère de la Faute-sur-Mer », à propos des lotissements dans lesquels le plus grand nombre de morts a été déploré le 28 février dernier.
Certains propriétaires sinistrés veulent partir, d’autres veulent rester, mais pour tous, « la grande crainte c’est d’être mal indemnisés », résume Thierry Demaegdt, président de l’association « Reconstruire Charron », une commune du littoral charentais où deux enfants et leur grand-mère ont trouvé la mort le 28 février.
La préfecture de Vendée avait évoqué vendredi l’intention des autorités d’arriver, avec « assurances plus Etat », à couvrir « 100% de la valeur du bien ».
Les discussions entre l’Etat et les assureurs sur le montant des indemnisations se poursuivaient encore mardi, selon une source proche du dossier. Mais les discussions sont difficiles, car les contrats d’assurance n’indemnisent que la reconstruction d’une maison sur site.
Pour dédommager les propriétaires, l’Etat devrait faire appel au Fonds Barnier (créé en 1995 pour l’indemnisation des biens fortement exposés aux catastrophes naturelles), déjà alimenté par les primes d’assurances.
« Tout le monde se pose des questions, on attend avec impatience que des décisions claires soient prises et qu’elles soient prises en cohérence avec les assureurs », relève Xavier Machuron-Mandard de l’association de victimes de la Faute-sur-Mer (AVIF, www.lafautesurmer.net), où 334 maisons ont été déclarées temporairement ou définitivement inhabitables après le passage de la tempête.
Dans cette région où les nerfs sont toujours à vif, une cellule d’écoute sera mise en place avec médecin, psychologue et infirmière.
En Charente-Maritime, des habitants de Charron et d’Aytré se sont également organisés pour défendre leurs intérêts.
Au total, une dizaine de communes du littoral charentais ont été touchées par les inondations, principalement autour de La Rochelle mais aussi sur l’île de Ré (La Flotte-en-Ré) et sur Oléron (Boyardville).
Environ « 170 foyers » ont été sinistrés à Aytré, dans l’agglomération de La Rochelle, et « une centaine d’habitations » pourraient être concernées par les zones inhabitables dans le quartier des Boucheleurs, sur les communes d’Yves et Châtelaillon-Plage, selon le maire d’Yves Didier Roblin.
A Charron, commune limitrophe de la Vendée, le maire Jean-François Faget estime que « 100 à 150 maisons » pourraient se trouver en « zone rouge ».
En France, Xynthia a causé la mort de 53 personnes et endommagé quelque 4.000 maisons au total.
Source : AFP