Xynthia : les rachats de maisons par l’Etat ont commencé

Les habitations seront rachetées, en moyenne, 480 000 euros. Mais l’offre de l’Etat ne fait pas l’unanimité.

Cinq mois et demi après la tempête Xynthia qui a coûté la vie à 47 personnes, les rachats à l’amiable de maisons de sinistrés par l’Etat ont commencé, ce lundi 9 août en Vendée, le département le plus touché par la catastrophe.

Les habitations situées en "zone solidarité", et vouées à la démolition par mesure de sécurité, ont, sauf exceptions, toutes été expertisées. Une valeur vénale - soit le prix du bien avant la tempête - a été attribuée à chacune d’elles. Les sinistrés ayant accepté le rachat à l’amiable toucheront cette somme plus deux autres indemnités. Une première dite de "remploi", qui couvre les frais liés à l’acquisition d’un nouveau toit ; et une seconde pour le déménagement à proprement parler.

L’indemnité de remploi est laissée à l’appréciation des juges : aucun taux n’a été fixé, explique Corinne Lepage, avocate pour l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer et de ses environs (Avif). Mais pour une valeur vénale comprise entre 250 000 et 700 000 euros, le taux de l’indemnité devrait s’élever à 10% de cette somme.

Le fonds Barnier insuffisant

Les indemnités proviennent du "fonds Barnier", créé en 1995 pour prévenir des risques naturels majeurs. Problème : le fonds ne dispose que de 75 millions d’euros alors que l’indemnisation de tous les sinistrés nécessiterait 400 millions d’euros.

"Les clients n’ont pas l’air mécontent des propositions faites par l’Etat, constate un agent immobilier de La Tranche-sur-Mer, en Vendée. Le problème, c’est que l’indemnisation ne suffit pas à l’acquisition d’une nouvelle maison. Il manque entre 50 et 70 000 euros pour garder un logement équivalent."

Une deuxième expertise

Le contrat de rachat à l’amiable proposé par l’Etat ne fait cependant pas l’unanimité. Certains habitants, ne voulant pas quitter leur maison, ont refusé de se soumettre à l’expertise financière de leur bien. Ils remettent en cause le tracé de la "zone solidarité". Ils disposent d’un délai de trois mois pour changer d’avis et accepter de vendre leur habitation. Si leur résistance semble vaine, une lueur d’espoir demeure : les sinistrés ont toujours la possibilité d’exiger une révision de la "zone solidarité". Mais rien ne leur garantit d’en sortir pour autant.

En Charente-Maritime, où la vente des habitations des sinistrés a déjà commencé, sur 200 dossiers expertisés, 90% ont jugé acceptable l’offre du gouvernement, assure Thierry Demaegdt, président de l’association Reconstruire Charron.

Pour les 10% restants, il s’agit soit d’un problème de réalisme de la part d’un propriétaire désirant plus d’argent, soit d’une expertise en désaccord avec les prix du marché. Une contre-proposition sera alors effectuée.


1400 habitations dans la zone de solidarité :

- 600 en Charente-Maritimes
- 800 en Vendée

Les quatres critères de la zone solidarité :

- Hauteur de l’eau lors de Xynthia supérieur à 1m.
- Violence de l’eau, si l’eau a fracassé les vitres : risque mortel.
- La possibilité d’échapper de son domicile.
- La proximité d’une digue, qui peut se retourner contre soi.


Jérôme MACCAUD / L’Express.fr / 9 août 2010

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